Présidentielle 2005: Pour Gerry Taama, tout va bien dans le meilleur des mondes

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Ses dernières sorties publiques et ses attaques incessantes contre l’opposition et rarement contre le pouvoir illustrent le portrait imaginaire qu’on dressait de lui: un homme du pouvoir RPT-UNIR, d’où du reste il prendrait ses ordres.

A l’approche du scrutin présidentiel, le candidat Gerry Taama se mue en partisan du système qu’en réel opposant. Si la campagne à l’intérieur du pays, l’a éloigné quelque peu des réseaux sociaux, son arrivée en Région maritime y consacre son retour et ragaillardit sa présence active, comme si le lourd fardeau des meetings était leste pour lui.

Contrairement au président ghanéen qui était quelque peu insatisfait de n’avoir pas accordé les violons des candidats sur l’opportunité ou non de l’utilisation du logiciel SUCCES, Gerry Taama a lui conclu que tout allait bien dans le meilleur des mondes possibles.

Retour de la rencontre avec Mahama- DRAMANI. Mon opinion personnelle est que cette visite-ci tend à juste confirmer qu’il n’y a pas de différends majeurs. Il avait presque réponse à toutes les inquiétudes soulevées par certains candidats. Pour le problème des dispositions sur le bulletin de vote, il a préconisé la sensibilisation, sur le vote anticipé des militaires et anciens combattants il a insisté sur la transparence, sur le fameux systèmes SUCCES, il a insisté sur la présence des représentants des représentants des candidats dans les bureaux de vote, dans les CELI et à la CENI.
Pour conclure, rien de nouveau sous les cocotiers. La campagne continue, écrit-il.

Pourtant il était apparu hier que la question du logiciel constituait une pomme de discorde entre les candidats de l’opposition d’une part,  la CENI et le pouvoir d’autre part. Et le maintient de ce logiciel de transmission des résultats pourrait conduire à des violences si le pouvoir n’y renonce, à en croire l’un des candidats dans un courrier adressé au président sortant Faure Gnassingbé. Comment alors comprendre la zen attitude du leader du NET.

La situation de Gerry Taama au sein de l’échiquier de l’opposition a été toujours une source de division au sein de  l’opinion partagée sur la vérité de son engagement. Sa transhumance récurrente entre les différents courants de l’opposition togolaise lui ont érigé une stature d’homme manquant soit de conviction, soit d’opinion, ou de parasite cherchant à se faire une popularité sur le dos des partis prépondérants.

En réalité, cet ancien sous-officier n’est que l’illustration de l’apparition d’un phénomène nouveau qui se dessine sur la scène politique depuis quelques années. De plus en plus d’opposants ne se définissent plus par leur objectif de changement du système RPT-UNIR en place depuis bientôt 50 ans, ni par leur envie d’alternance.

Considérant que le Togo est en démocratie- et le système perfectible, ses opposants préfèrent faire carrière dans la politique et en vivre comme d’une rente. Gerry Taama est l’un de ces nouveaux rentiers de la politique.

S’il a déclaré franchement que l’une des raisons pour sa participation à la présidentielle est l’argument financier-120 millions CFA pour la campagne présidentielle et 72 millions pour la surveillance des bureaux de vote, une belle pactole qui fait de lui un millionnaire en deux semaines de campagne présidentielle, son cynisme peut aller plus loin.

L’homme pressé

Ainsi en 2013, lors des législatives de juillet, Gerry Taama se présente dans la circonscription du Grand Lomé, où il est ultra-minoritaire, et délaisse la circonscription de Doufelgou, sa préfecture d’origine où sa popularité est certaine et incontestable. Résultat, son parti  arrive deuxième derrière UNIR. Selon les observateurs, si Gerry Taama s’était présenté dans son fief du Doufelgou, il aurait gagné au moins un siège.

Ses amis de la Nouvelle génération engagée (NGE) n’ont pas manqué de relever que Gerry Taama aurait laissé UNIR gagner le Doufelgou. Pour quelles raisons ? Une situation que les jeunes de son entourage ont très peu goûté. A la veille de la présidentielle, ils l’ont presque tous quitté. Pour ses amis, Gerry Taama n’aurait pas totalement les coudées franches pour faire sa politique, ce qui explique ses revirements incessants, les décisions de réunion de parti qu’il n’exécute jamais ou remet en question.

Ambitieux, opportuniste, doté d’une grande intelligence des événements, et d’une certaine culture générale, Gerry Taama est aussi un homme pressé de réussir vite en politique. D’où son entrée rapide en politique.  Il parle beaucoup mais souvent sans grande profondeur. S’il reste dans une perpétuelle agitation, c’est pour attirer l’attention sur lui. Jamais homme politique au Togo n’a gagné autant de popularité rien que par l’esbroufe sur les réseaux sociaux.

Sa candidature à la présidentielle n’est pas de gagner, mais de devenir le chef de l’opposition en cas de boycott de l’opposition de la présidentielle. Une loi biscornue votée à l’Assemblée nationale dont le décret n’a pas encore été pris par le président de la République, stipule que la dernière élection détermine le statut de chef de file de l’opposition.


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A propos Komi Dovlovi 1103 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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