Non pas que le prédécesseur résistait à se faire remplacer mais ceux qui avaient la responsabilité de lui trouver un successeur forçaient à s’entendre sur le nom d’un candidat parmi les cinq noms retenus. Jamais un sommet de la francophonie n’aura laissé durer autant le suspens tant les intérêts étaient à bout des ongles.
Réunis à Dakar dans le compte du 15ème Sommet de la Francophonie, les chefs d’État et de gouvernement membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ont officiellement désigné ce 30 novembre Mme Jean Michaëlle au poste de Secrétaire Générale, en remplacement de M. Abdou Diouf. Elle devient la première femme à accéder à la tête de l’Organisation.
Ses premières paroles étaient de remercier le gouvernement de son pays : « Je remercie les chefs d’État et de gouvernement de la confiance qu’ils me témoignent en me désignant Secrétaire générale de la Francophonie. Je tiens à remercier tout particulièrement les gouvernements du Canada, du Québec, du Nouveau-Brunswick et d’Haïti pour leur appui indéfectible à ma candidature ». Mais elle sait aussi que le plus dur sera de pouvoir succéder à son prédécesseur à qui elle voue un certain charisme : « Je souhaite également rendre hommage à Abdou Diouf, homme d’exception, qui a su servir la Francophonie avec passion et raison au cours des 12 dernières années. Je mesure la tâche qui m’attend et je veillerai à prendre grand soin de l’héritage que nous lègue le Président Diouf ».
Dans une courte déclaration devant les chefs d’État et de gouvernement, Michaëlle Jean s’est engagée à travailler avec eux ainsi qu’avec les opérateurs de la Francophonie, l’Association des parlementaires francophones et la société civile pour mettre en œuvre la feuille de route issue du Sommet de Dakar. Elle a insisté sur l’importance du rôle des jeunes et des femmes et souligné la nécessité de promouvoir l’usage de la langue française et de renforcer l’action économique dans l’espace francophone. Elle balise déjà dans ses premières déclarations les lignes directrices pour son nouvel engagement mais aussi les nouvelles idées à débattre : « Je suis très enthousiaste à l’idée de travailler avec toutes ces femmes et tous ces hommes qui font et vivent la Francophonie au quotidien. J’entends répondre aux besoins et aux attentes des États et gouvernements membres de l’OIF, tout en donnant une nouvelle impulsion à la Francophonie. Ensemble, traçons le chemin d’une Francophonie moderne et tournée vers l’avenir. La Francophonie du XXIe siècle sera au service et à l’écoute des jeunes et des femmes ».
Le sommet de Dakar aura été un sommet épique à l’épilogue confus pour les chefs d’Etat africains eux-mêmes qui n’ont pas su parler d’une voix commune pour arracher au moins le poste de Secrétariat Général pour le continent. Les intérêts étaient si opposés que c’est la candidate unique de l’Amérique qui a été désignée.
L’Afrique francophone s’est présentée suffisamment divisée pour la conquête du Secrétariat général de la Francophonie. Dans tous les cas de figure la nouvelle Secrétaire générale devrait coopérer et apporter un vent de fraîcheur et sortir des sentiers battus que lui confère un organisme trop sous les bottes des chefs d’Etat, protecteurs de leurs intérêts mesquins et trop violateurs des droits des citoyens francophones. C’est alors qu’elle doit essayer de promouvoir, à côté de sa « diplomatie fine », celle de « mégaphone », agissante et visible qui puisse donner confiance et rassurer les citoyens des nations de l’existence d’une francophonie des peuples qui aspirent à asseoir des changements pacifiques durables dans les pays.
En savoir plus sur Le Temps
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Laisser un commentaire