Abubakar Shekau le leader du groupe islamique qui opère au nord du Nigéria fait encore parler de lui. Dans une vidéo diffusée samedi par la presse international, Boko Haram proclame la création d’un califat islamique dans la ville de Gwoza au nord du Nigéria. Il suit ainsi les traces de l’État islamique (EI) en Irak.
Dans une vidéo obtenue dimanche 24 août par l’AFP, Abubakar Shekau a déclaré que la ville de Gwoza faisait désormais « partie du califat islamique ». Cette ville de l’État de Borno, dans le nord-est du pays, était tombée en août aux mains de Boko Haram, selon l’agence humanitaire des Nations unies (Ocha). « Merci à Allah qui a donné à nos frères la victoire à Gwoza », déclare Shekau dans une vidéo de 52 minutes – dont 25 de monologue. Mais il ne mentionne pas Al-Baghdadi dans cette vidéo, et n’explique pas plus précisément s’il se range sous sa bannière ou s’il crée un nouveau califat au Nigeria.
Boko Haram cherche à contrôler des territoires, comme l’EI
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Cette nouvelle vidéo a été tournée en plein air et présente des images de mauvaise qualité. Shekau s’exprime alternativement en arabe et en haoussa, principale langue du Nord. « Nous n’allons pas quitter la ville. Nous sommes venus pour rester », explique Shekau, comme en écho à l’EI, qui construit peu à peu le début d’une administration en Syrie et en Irak. « Ils appellent (ce pays) le Nigeria ». « Nous sommes dans le califat islamique. Nous n’avons rien à faire avec le Nigeria », déclare encore Shekau donnant raison à plusieurs analystes qui estiment que la stratégie de Boko Haram a évolué, passant de la guérilla à une logique de conquête de territoires.
Après le monologue du chef de Boko Haram, la vidéo montre des combattants tirant des roquettes depuis des picks-up, et d’autres militants lourdement armés tirant dans les rues d’une agglomération. On voit ensuite des scènes atroces d’exécution, similaires à celles vues sur des vidéos de l’État islamique. Par exemple, une vingtaine d’hommes habillés en civil, les mains liés dans le dos et allongés sur une route, sont exécutés chacun à leur tour d’une balle dans la tête.
Shekau est qualifié de « terroriste à l’échelle mondiale » par les États-Unis qui ont mis à prix sa tête pour 7 millions de dollars. Depuis avril, son groupe s’est emparé de nombreuses localités et contrôle des zones entières du nord-est du pays où l’armée a disparu, selon les témoignages d’habitants, de responsables de la sécurité et d’experts.
L’insurrection armée de Boko Haram, et sa répression féroce par l’armée nigériane, ont fait plus de 10 000 morts depuis 2009, selon des estimations. Quelque 4 000 personnes ont été tuées depuis début 2014 d’après Amnesty international, et 650 000 chassées de leurs foyers selon l’ONU.
Quant aux centaines de jeunes filles enlevées en avril par la secte islamiste, elles sont encore pour la plupart otages des jihadistes. L’armée nigériane peine à venir à bout du mouvement Boko Haram, malgré le soutien que lui apportent plusieurs puissances étrangères.
Avec AFP et France 24
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