Au Niger, depuis l’ouverture démocratique du début des années 90, les alliances politiques durent rarement plus de deux années. La coalition ayant porté au pouvoir le président Mahamadou Issoufou en 2011 n’a pas dérogé à cette règle.
La rupture est consommée entre le président de l’Assemblée Nationale, Hama Amadou, leader de MODEN Lumana et son ancien allié Mahamadou Issoufou. Le parti au pouvoir et ses alliés ont décidé de retirer le perchoir de l’Assemblée à l’ancien Premier ministre de Mamadou Tandja qui avait connu la déchéance et la misère sous celui qui avait été déposé par un coup d’Etat après avoir tenté de s’arroger un troisième mandat à la tête du Niger. Hama est connu pour être un fin politique. Arrivé troisième à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle organisée par la junte militaire du général Djibo, le Président du MODEN, par ailleurs ex-leader du MNSD Nassara avait soutenu Issoufou alors leader de l’opposition.
A présent les anciens frères ennemis de la famille Nassara se sont réconciliés et veulent en découdre avec le président. Le renouvellement du bureau de l’Assemblée fut le prétexte pour que les partis nigériens ressortent la hache de guerre. Manifestations de rue, agressions armées contre les domiciles d’hommes politiques, arrestation d’opposants, la tension à Niamey est au comble et les observateurs de la scène politique nigérienne craignent le pire.
Le chef de file de l’opposition nigérienne a appelé vendredi à une « marche pacifique de protestation » contre le président.
« Trop c’est trop », s’est indigné Seïni Oumarou, chef de file de l’opposition nigérienne, qui a exhorté militants et citoyens « à sortir massivement » dimanche « pour une marche pacifique de protestation » afin d' »exiger du président Mahamadou Issoufou le respect strict de la Constitution ».
« Depuis 48 heures, le régime densifie la violence d’Etat en passant à un stade inadmissible dans les abus », a déclaré Oumarou, président du Mouvement national pour la société de développement (MNSD), l’ex-parti au pouvoir battu par M. Issoufou à la présidentielle de 2011.
Le gouvernement obstrue les libertés publiques
Le gouvernement a décidé d’interdire la marche de l’opposition. Le ministre de l’Intérieur Hassoumi Massaoudou est sorti de sa réserve pour condamner les étudiants et l’opposition qui, selon lui, a planifié et exécuté des campagnes de « terreur » dans la ville de Niamey dans le seul but de créer un pourrissement de la situation politique au Niger. Le gouvernement justifie l’interdiction par le « risque d’infiltration de la marche par des terroristes ».
La situation fait craindre des tentions politiques dans le pays, à moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle. Selon le ministre de l’intérieur, les personnes arrêtées projetaient de perpétrer un putsch. Elles appelaient à la violence depuis plusieurs mois.
Tous ou presque seraient issus du MODEN, le mouvement démocratique nigérien, le parti de l’actuel président de l’Assemblée nationale, et ancien allié du pouvoir, Hama Amadou. Le fils ainé de Hama Amadou, lsmaël Hama Amadou, figure parmi les personnes arrêtées.
Le risque militaire
Au Niger, depuis une vingtaine d’années, l’armée intervient par un coup d’Etat, chaque fois que les civils se disputent le pouvoir. Trois coups d’Etat ont déjà émaillé la vie politique de ce pays depuis l’ouverture du processus de démocratisation.
Les mésententes actuelles pourraient conduire au même dénouement si les institutions du pays et les acteurs politiques ne parviennent pas à vite calmer la situation.
K. Agboglati
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