La France a accueilli samedi un mini-sommet africain autour du président François Hollande et du chef de l’Etat nigérian Goodluck Jonathan pour établir une stratégie commune contre le groupe terroriste du Nord du Nigéria. Les présidents du Cameroun, du Tchad, du Niger, tous des voisins du Nigéria ont pris part au conclave de Paris. Au titre des puissances internationales engagées dans la recherche des lycéennes enlevées, on note la présence de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis et de l’Union Européenne.
La réunion à l’initiative de la France a tenu ses promesses. Une stratégie régionale de lutte contre la secte armée prend forme. Les déclarations faites par les uns et les autres témoignent d’une réelle volonté des dirigeants impliqués dans ce processus à coordonner les efforts en vue d’une issue rapide.
«Boko Haram est devenu une menace majeure pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest et maintenant pour l’Afrique centrale», a souligné François Hollande ; il ajoute que «ses liens avec Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et d’autres organisations terroristes ont été établis». François Hollande dont l’activisme pour la sécurité en Afrique ouvre un nouveau chantier après le Mali et la République Centrafricaine précise qu’«Un plan global doit être mis en œuvre visant à échanger les informations, à coordonner les actions, à contrôler les frontières et à agir de façon appropriée». Ces déclarations ont été faites par le président français au cours d’un déjeuner avec ses homologues du Nigeria, du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Bénin.
«Nous sommes ici pour affirmer notre solidarité et notre détermination à lutter contre Boko Haram, qui est devenu un problème régional, sinon continental», a déclaré le président camerounais Paul Biya. Son homologue béninois Thomas Boni Yayi a renchéri en affirmant : «Nous sommes décidés à mutualiser nos efforts, nos ressources, au niveau régional et international». Quant à Idriss Deby Itno : «Ces terroristes ont déjà fait du mal dans la sous-région, les laisser continuer, c’est prendre le risque de laisser l’ensemble de la sous-région, de l’Afrique dans le désordre».
Même si l’initiative de Paris – à la demande du président nigérian, précise-t-on dans les cercles proches du leader français – a marqué un pas avec cet engagement collectif, on se demande quel est l’objectif immédiat de cette mobilisation. S’agit-il de livrer une guerre totale contre le mouvement islamiste ou simplement engager des actions pour la libération des filles kidnappées ?
Le Temps
Les principales mesures du sommet de Paris sur Boko Haram
Les chefs d’Etat du Nigeria, du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Bénin ont décidé dans l’immédiat :
- De «procéder à des patrouilles coordonnées».
- De «mettre en place un système de partage du renseignement».
- De développer «des mécanismes d’échanges d’information sur les trafics d’armes et renforcer les mesures de sécurisation des stocks des armées».
- De «mettre en place des mécanismes de surveillance des frontières».
Les mesures à plus long terme :
- Ils se sont également engagés à «mettre en place une cellule de fusion du renseignement» et à «instituer une équipe dédiée qui identifiera les moyens à mettre en œuvre et élaborera dans un second temps une stratégie régionale de lutte contre le terrorisme, dans le cadre de la Commission du Bassin du Lac Tchad».
- Au plan international, les participants au sommet se sont engagés à «accélérer la mise en place de sanctions internationales, en priorité dans le cadre des Nations unies, à l’encontre de Boko Haram, d’Ansaru (un mouvement dissident) et de leurs principaux responsables».
Un dispositif international de lutte contre Boko Haram :
- La France, les Etats-Unis, la Grande Bretagne et l’Union européenne se sont engagés à «soutenir cette coopération régionale et à renforcer le dispositif international de lutte contre Boko Haram et de protection des victimes» (expertise technique, programmes de formation et soutien à des programmes de gestion des espaces frontaliers).
- Ils se sont également engagés à «mobiliser les bailleurs de fonds en faveur de programmes favorisant le développement socio-économique des régions concernées», en particulier en faveur des femmes.
- Tous les Etats ont par ailleurs «réaffirmé leur engagement en faveur des droits de l’Homme, et en particulier la protection des droits des jeunes filles victimes de violences, de mariages forcés ou menacés d’esclavage».
- Le Royaume-Uni accueillera le mois prochain au niveau ministériel une «réunion de suivi» pour faire un point des progrès de ce plan d’action, précise le communiqué final du sommet.
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