Le Gouvernement nigérian a échoué dans sa lutte contre le mouvement terroriste Boko Haram. En faisant appel à des puissances étrangères pour l’aider à retrouver les 200 lycéennes enlevées par l’organisation islamiste qui sévit au nord du pays, Goodluck Jonathan, le président nigérian, a reconnu l’incapacité des forces armées nigérianes à combattre et neutraliser le mouvement. Mais la feuille de route donnée à ces missions conduites par des agents des plus grandes puissances militaires du monde ne peut se limiter à la recherche et la récupération des filles menacées d’esclavage et de mariage forcé.
Même si après les expériences d’Afghanistan, d’Irak et de Somalie, la lutte contre le terrorisme n’a pas réussi à s’organiser dans le cadre des relations classiques entre les nations du monde comme une forme de conflagration dont les interventions devraient être programmées et exécutées suivant un plan admis par les protagonistes, la situation au Nigéria impose que l’on s’y prenne autrement. Les Etats-Unis, la France, la Chine et la Grande Bretagne, ne peuvent pas se contenter de mettre leurs ressources matérielles et humaines à la disposition des officiels nigérians. Cet Etat en faillite sur le plan de la sécurité n’a pas les capacités de conduire ou d’orienter une mission internationale de cette envergure. A défaut pour les Nations Unies de s’y impliquer, il faudra bien que l’opération du nord du Nigéria ait une structuration et un agenda bien planifié.
Si le Nigéria ne peut élaborer un mandat clair dans ce sens, il appartient à la communauté internationale de se rendre à l’évidence de l’étendue du danger et prendre les mesures appropriées dès maintenant. L’objectif est bien entendu de retrouver les membres du réseau terroriste et les soumettre au châtiment qu’ils méritent. A supposer une seule fois que les lycéennes soient sauvées des mains de leurs ravisseurs et remises à leurs familles, il est clair que Boko Haram ne digèrera pas l’échec pour ensuite en faire bonne conscience. Ces islamistes sont ennemis de la modernité et du développement. Leurs convictions vont à l’encontre de la culture et des valeurs que partagent la majorité des peuples du monde, y compris ceux d’Afrique. En s’engageant de façon aussi effrontée contre ce qu’ils appellent « l’école occidentale », les bandits de Boko Haram s’en prennent aux fondements de l’Etat de droit. L’exploitation qu’ils font de l’islam ne peut convenir à ceux qui pratiquent honnêtement cette religion, dont les principes essentiels sont connus et s’accommodent avec la vie moderne dans les sociétés du monde libre.
Combattre les fanatiques de Boko Haram demandera alors une organisation et des techniques différentes de celles utilisées sous d’autres cieux et dans d’autres conflits de ce type. Il a été démontré que l’organisation a infecté les villes et villages du septentrion nigérian, qu’elle a ses adeptes un peu partout et des complicités au sein de l’armée et de l’administration. Le travail qui s’engage consistera à déstructurer l’organisation d’Abubakar Shekau et réduire ses capacités de nuisance. Cela ne peut être une mission de quelques jours. Il y aura à coup sûr des dégâts collatéraux. Mais ce sera le prix à payer pour empêcher la horde de fous d’Allah d’étendre leurs bêtises sur le reste de l’Afrique de l’Ouest, comme ils en ont l’ambition.
K. Agboglati
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