La ministre de la Communication veut une presse libre au service du développement, mais elle a oublié que l’Etat et le parti au pouvoir UNIR qu’elle sert, porte une lourde responsabilité dans la situation de ” libertinage et d’anarchie” qui prévaut dans les médias. Au Togo, un journaliste doit être soit un thuriféraire corrompu du pouvoir, ou son détracteur servile à la solde des forces de l’opposition. Jamais, la mission sacrée d’informer le public pour la vitalité du débat démocratique est mise en sourdine.
La journée de mondiale de la presse ce 03 mai a pris un accent particulier. Le thème retenu est : « La liberté des médias pour un avenir meilleur : contribuer à l’agenda de développement post-2015 ». Et ce sujet a offert l’opportunité à Mme Anaté Kouméalo, la Ministre de la Communication et de la Formation civique, d’interpeller « tous les acteurs de la presse togolaise sur la finalité de l’usage de ce droit [la liberté de presse].»
En effet, la liberté de la presse n’a de place et de raison d’être que si elle accompagne la construction d’un avenir meilleur pour tous les citoyens togolais. Cette liberté et comme le dit si bien le thème de cette année, doit pouvoir contribuer à l’atteinte des objectifs de l’agenda de développement même après l’échéance de 2015.
Et elle ajoute :
Le gouvernement fait sa part en déployant beaucoup d’efforts dans tous les secteurs afin d’œuvrer à l’atteinte de ces objectifs. Mais le thème de la célébration de la journée mondiale de la presse de cette année a été choisi pour rappeler aux acteurs du paysage médiatique togolais qu’ils ont aussi une importante partition à jouer dans l’accomplissement de cette vision partagée par tous.
Soit. Mais pour que des médias jouent leur partition dans une vision du développement partagée, les pouvoirs publics ont le devoir de les doter des moyens conséquents pour atteindre ces objectifs définis dans l’agenda de développement 2015. Les libertés garanties par la Constitution doivent être entretenues par les pouvoirs politiques, c’est en ce sens qu’elles puissent s’exercer pleinement. Il en dépend de l’avenir la démocratie.
En dépit des garanties de la Constitution et d’un code de presse parmi les plus libéraux du monde, la liberté de presse n’est qu’un vain mot au Togo. La presse n’est pas libre quand elle est livrée aux puissances d’argent ou à la solde des forces politiques. Et l’Etat du Togo a une lourde responsabilité dans cette situation d’”anarchie et de libertinage” que l’on constate.
Le rôle de la presse consiste non seulement à informer le public sur les actions du gouvernement, mais aussi à informer les citoyens sur les actions, les opinions et les conditions de leurs semblables- à offrir un moyen de communication entre les hommes politiques et le public, mais surtout à offrir aux citoyens les informations sur eux-mêmes.
La presse est donc un élément indispensable de la démocratie, car elle constitue le lien principal, la voie de communication, entre les citoyens et leur gouvernement, entre l’Etat et l’homme, et entre les citoyens eux-mêmes. Sans cette communication, aucune démocratie ne peut vivre.
Il appartient donc à l’Etat d’entretenir la liberté de presse dont l’affaiblissement conduit à celle de la démocratie. Or que fait l’Etat togolais pour protéger et garantir la liberté de presse ?
Rien. Ayant peur d’une presse libre et donc de la vitalité de la démocratie, l’Etat du Togo a plutôt créé un système pervers où les médias sont au service des forces politiques. Devenus les officines des partis politiques, les médias se livrent à la désinformation et à l’intox. Ce n’est pas en perpétuant ce système que la presse atteindra les objectifs de l’agenda de développement 2015.
Les états généraux de la presse que la ministre entend organiser en ce mois de mai doivent prendre en compte l’économie des médias. C’est en étudiant les possibilités d’une entreprise de presse libre et les soutiens économiques et législatifs que l’Etat peut apporter que l’on parviendra à une presse au service des médias.
Dans le cas contraire, on aura ces chiens de garde, cette presse stipendiée qui occupe actuellement le marché.
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