Accusé d’avoir fait passer 43 candidats n’ayant pas participé à un concours de recrutement en septembre 2013, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le lieutenant-colonel Yark Damehane, brandit les copies des 43 candidats comme preuve de leur participation.
Le lieutenant-colonel-ministre, à l’appui de son collègue Goudigou Kolani, affirme:
La liste des 43 candidats supposés n’avoir pas composé a été publiée dans la presse. Mais nous avons retrouvé les noms et toutes les copies de ces candidats. (…) Le détail qu’il faut apporter est qu’il y avait une liste d’attente en dehors du résultat qui a été publié. Nous avons constaté des absences au moment de la visite médicale. Dans les deux centres, il y a eu plus de 247 absents et nous avons pris certains candidats qui étaient sur la liste d’attente pour leur faire passer le reste du parcours.
Le ministre demande aux journalistes de vérifier les copies et s’excuse de ne pas avoir publié la liste d’attente. Il déclare encore:
Il y avait certains sur la liste d’attente et qui ont remplacé les candidats qui n’étaient pas présents lors de la visite médicale. Et il y en eu à Kara et à Lomé. J’aurai pu accepter s’il nous avait été reproché de n’avoir pas publié la liste d’attente, mais de là dire que des gens sont admis sans avoir composé, c’est faux.
Le ministre est apparemment convainquant, mais le quotidien Liberté, qui a sorti le scoop, affirme le contraire et maintient ces révélations. La seule faute de Liberté, c’est de n’avoir pas cherché à publier la liste exhaustive des candidats dans les centres de Lomé et de Kara. Elles permettraient de savoir si les admis fantômes avait effectivement concouru ou non.
Réforme mise en cause
Pour le lieutenant-colonel Damehane, ne pas avoir indiqué qu’il y a une liste d’attente, ne constitue pas une erreur, et, faisant preuve de laxisme, il s’absout de cette faute. Mais le ministre n’efface pas totalement les doutes qui entachent la crédibilité de son concours. Car le nombre ((243 ) de candidats ayant désisté demeure surprenante. Dire qu’il y a 243 personnes qui ont refusé d’entrer à la police dans un pays où trouver le travail est une denrée rare, il y a certainement anguille sous roche.
Le problème est que l’affaire de faux recrutement intervient après la réforme du mode de recrutement dans la police. Avant, les tests d’aptitude physique à la police étaient un test de présélection, les épreuves écrites constituaient l’étape suivante. Or un black-out total régissait ces tests, d’où les fraudes à la sélection. De nombreux candidats provenant des Evalas étaient admis systématiquement sans avoir les qualités requises. C’est ce système que l’on croit avoir aboli avec le renversement des étapes.
En renversant les étapes, les épreuves écrites devenues éliminatoires, sont censées faire passer uniquement les meilleurs, qui passeront les épreuves d’aptitude physique à la fonction de policier. C’est ce nouveau procédé qui reste à améliorer. Car, avec sa liste d’attente dans laquelle il est parti « piocher » les 43 personnes, le ministre jette le doute sur la fiabilité de la réforme.
Il faut créer une direction centrale autonome pour les examens d’entrée à la fonction publique.
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