Le héro du soulèvement du 05 octobre est décédé ce 14 mars au CHU Sylvanus Olympio. Ce militant de la première heure de la CDPA, fut l’un de ceux qui ont osé s’attaquer pacifiquement à la dictature militaire d’Eyadema, l’une des plus cruelles d’Afrique, quand nombre de personnes de l’élite adulaient le parti unique. Il avait 58 ans.
Hilaire Dossouvi Logo, l’icône du 05 octobre est mort ce soir au CHU Sylvanus Olympio, d’après des membres de la famille. Militant de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), surtout pendant la période où le parti fonctionnait dans la clandestinité dans les années 1980, Hilaire Dossouvi Logo était avec Tino Doglo Agbelenko, les deux hommes à l’origine du déclenchement du soulèvement populaire du 05 octobre. Activistes de l’opposition, ils étaient arrêtés par la police secrète et détenus dans les locaux de la Sûreté nationale, pour avoir distribué des tracts subversifs contre le régime Eyadema.
Leur jugement le 05 octobre a conduit au soulèvement populaire du 05 octobre, lorsque les étudiants de l’Université du Bénin (Lomé), présents dans la salle du Palais de justice de Lomé, ont réclamé leur libération avant le début du procès. La répression des étudiants dans la salle du Palais de Justice, déboucha sur des manifestations étudiantes dans les rues de Lomé. Chose surprenante pour une dictature réputée pour sa stabilité. Logo Dossouvi et quelques amis en profitèrent d’ailleurs pour créer le Mouvement du 05 octobre (MO5), aujourd’hui devenu une nébuleuse.
Après ce 05 octobre 1990, le Togo est entré dans une spirale de soubresauts démocratiques qui ont abouti à la Conférence nationale et à l’étiolement de plus deux décennies de dictature militaro-civile et du parti unique RPT. La suite, on la connait : élection d’un Premier ministre de la Transition, restauration militaire du pouvoir d’Eyadema, et le Togo s’enlise depuis dans une crise sociopolitique dont l’issue reste encore incertaine.
Quant à M. Dossouvi Logo, le héro du 05 octobre, la suite allait être moins glorieuse comme le destin du soulèvement démocratique. Parti en exil au Canada suite à la reprise en main du pouvoir par la force par le général Eyadema, Logo Dossouvi connut le destin de ces exilés errants qui n’ont jamais trouvé de port d’attache. L’exil n’était pas doré, il est même très dur, et les échos du pays lui vrillaient les oreilles.
Avec joie, il rentra au au Togo, à la faveur de la mort d’Eyadema, et de l’Accord politique global d’août 2006, dont la conséquence fut l’entrée de la CDPA au gouvernement de Me Yawovi Agboyibo.
Décadence
L’échec de la CDPA aux élections législatives d’octobre 2007 sonna le glas d’une carrière politique que Logo Dossouvi croyait prometteuse. Vingt ans après le soulèvement démocratique, le pays a profondément changé sur le plan démographique et…politique. Les héros du 05 octobre ne sont pas connus de la jeunesse. L’UFC – et plus tard l’ANC, joue les premiers rôles. Candidat dans le Yoto, sa préfecture d’origine, Logo Dossouvi fut battu à plate couture par la liste de Me Yawovi Agboyibo.
Le reste fut beaucoup moins reluisant encore. Conseiller du Ministre Léopold Gnininvi- à l’époque Secrétaire général de la CDPA, Logo Dossouvi obtint par la suite un obscur poste à la fonction publique. En froid avec le Professeur Gnininvi, il décide de créer, peut-être sur conseil de Pascal Bodjona, son ami, une association dont le but inavoué est d’être au service de Faure Gnassingbé. En juin 2009, il apporta un ferme soutien à la candidature de Faure Gnassingbé à la présidentielle de 2010, avec des arguments à l’appui.
Il y a eu plusieurs candidats déclarés que je connais bien comme Agboyibo et Agboyomé parce que nous sommes de la même localité. Je connais aussi Gilchrist Olympio, je les ai vu gérer leur parti et je sais ce qui se passe dans les états majors de ces formations et depuis peu de temps ; j’ai vu le Président Faure à l’Œuvre et en toute âme et conscience, je décide de soutenir Faure parce que je le trouve pragmatiste et réaliste, affirme-t-il au cours d’une interview sur www.republicoftogo.com, le site officiel du Togo.
Et d’ajouter qu’il souhaite “bonne chance pour qu’il [Faure Gnassingbe] gagne en 2010 et qu’il prouve que ce qui se fait ailleurs peut se faire valablement au Togo en terme de démocratie, de promotion des droits de l’homme et de développement“.
La mayonnaise du rapprochement du régime des Gnassingbé n’a pas pris réellement. Peut-être Logo Dossouvi serait-il aujourd’hui devenu un haut cadre d’UNIR si Faure Gnassingbé avait créé ce parti en 2008, n’eût été la maladie qui le frappa depuis 2010 ? Toujours est-il que Logo Dossouvi flétrit son nom, son passé est devenu anecdotique. La maladie fit le reste en le reléguant aux oubliettes.
Quelquefois une vie n’est qu’une histoire de gloire et de décadence. Comme le disait Arthur Koestler, l’histoire se fiche pas mal qu’on se ronge les ongles. On peut certes regretter le déclin politico-moral de Logo Dossouvi, mais l’on ne doit pas oublier le 05 octobre 1990, qui mit ce peuple sur le long chemin de la liberté.
Logo Dossouvi était le légionnaire d’une armée en déroute, son visage amer portait les stigmates de ces différents échecs. Son parcours put ressembler quelque peu au parcours de nombreux militants de l’opposition. Mais l’on doit garder à l’esprit qu’il fut un combattant courageux, intrépide, qui osa s’attaquer à la citadelle de la dictature militaire d’Eyadema, l’une des plus cruelles d’Afrique. Il appartient aux nouvelles générations de reprendre le flambeau du combat. Le combat pour la liberté est un défi permanent.
En savoir plus sur Le Temps
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Laisser un commentaire