Le jeu politique s’anime à nouveau au sein de l’opposition politique au Togo. Il y a deux semaines, J.P. Fabre est monté au créneau pour prédire le chaos si l’élection présidentielle de 2015 ne se tient pas dans les conditions souhaitées par l’opposition. Le week-end dernier, c’est Mensa Agbéyomé Kodjo, président d’OBUTS (parti politique) qui a tenu une conférence de presse pour exiger un plan d’action unitaire des forces de l’opposition. Et dans la foulée, on annonce la descente au pays de Koffi Yamgnane, le Togolo-français dont les ambitions pour le pouvoir d’Etat dans son pays d’origine ne font plus de doute.
Qu’est-ce qui unit ces trois hommes ? Eh bien, tous revendiquent un plan pour l’alternance à la tête du Togo. Ils ont souvent fait chemin ensemble au sein des regroupements de l’opposition sans se convaincre de leur complémentarité. Chacun a des atouts ; et passe pour une force indispensable à toute stratégie gagnante de l’opposition. Les Togolais ont déjà vu cela. Il n’y a que les acteurs qui changent. Mais le dénominateur commun que nul n’ose évoquer au risque de choquer, c’est que tous ces responsables politiques sont convaincus personnellement d’être candidats à l’élection présidentielle et ne misent que sur le ralliement des autres. Il sera difficile de les convaincre à y aller ensemble (candidature unique) dans ce scrutin uninominal à un tour.
D’où viendra le problème de l’opposition togolaise lors du prochain scrutin présidentiel ? Voilà une question qui semble univoque. Alors qu’il semble évident que les conditions (normatives et institutionnelles notamment) ne sont pas réunies pour des élections transparentes, les partis opposés au régime ne semblent pas prendre toutes les mesures des enjeux. Le Collectif Sauvons le Togo (CST) qui a assuré vaille que vaille la cohésion des forces d’opposition les deux dernières années s’est beaucoup affaibli, à cause des innombrables contradictions en son sein. L’année 2014 qui précède la grande échéance devrait permettre d’engager des discussions avec le pouvoir en vue de renforcer le cadre légal et les modalités de transparence des élections. Mais il n’ya pas de dialogue à l’horizon. Le pouvoir UNIR n’en veut pas. L’opposition politique ne trouve pas la bonne méthode pour lui en imposer. Les principaux responsables se neutralisent et ne disposent pas d’une stratégie de rassemblement et de coercition pour faire plier le parti au pouvoir.
Dans ce cafouillage, il est notable de voir que ce sont les acteurs du mélodrame eux-mêmes qui veulent jouer les redresseurs. Ainsi Koffi Yamgnane tel un messie promet de revenir mettre de l’ordre dans la maison de l’opposition. Fabre quant à lui, bien engoncé dans son rôle de « chef de file » attend que allégeance lui soit faite, ou à défaut que les autres se rangent sur son approche. Agbéyomé Kodjo qui n’a jamais été un enfant de cœur, quoiqu’il n’ait su démontrer un poids politique réel depuis qu’il a divorcé d’avec le RPT il y a une dizaine d’années, devient porteur d’une solution, d’un idéal qui sauverait tout le monde.
Il va sans dire que le pouvoir ne demande pas mieux. Il exploitera ces divisions jusqu’au bout. Il éloignera toute réforme et organisera cette élection de même que les municipales (dont on reparle) pour mieux étendre ses tentacules sur le pays.
K. AGBOGLATI
En savoir plus sur Le Temps
Subscribe to get the latest posts sent to your email.