Alerte sur la répression extraterritoriale : un militant togolais des droits humains contraint à la clandestinité

Le cas d’Abel Kové met en lumière la montée de la menace contre les opposants togolais, même au-delà des frontières nationales

Abel Kové, militant togolais engagé dans la défense des droits humains et de la démocratie, a été forcé de se cacher en raison de menaces d’enlèvement visant sa personne. Enseignant, père de deux jeunes enfants, Abel s’était établi à Bamako (Mali) depuis quelques temps, fuyant la précarité et les tensions au Togo. Il vient  encore de prendre la décision douloureuse de quitter temporairement sa famille pour se protéger face des menaces directes qu’il reçoit ainsi qu’un plan d’enlèvement imminent, selon des sources jugées fiables.

Cette situation s’inscrit dans un contexte de durcissement préoccupant de la répression orchestrée par les autorités togolaises contre les voix dissidentes, y compris celles établies à l’étranger. D’après nos information, des menaces explicites ont été adressées à la famille d’Abel Kové, le 2 septembre dernier : des inconnus ont affirmé au téléphone connaître la localisation du militant à Bamako et ont laissé entendre que son enlèvement ne nécessiterait que “deux heures de vol”.

Ce climat d’insécurité a été récemment aggravé par le cas d’AZI Mensah Godfree, un autre Togolais résidant à Bamako, qui a été enlevé et transféré de force à Lomé, où il est actuellement détenu. Ce précédent, révélé par des sources indépendantes, illustre la coopération transfrontalière des autorités togolaises pour traquer les opposants au régime.

Depuis juin 2025, le Togo est le théâtre de contestations massives contre une réforme constitutionnelle controversée, permettant au président Faure Gnassingbé de prolonger son mandat sans limite. La répression qui s’en est suivie a déjà causé plusieurs décès, des disparitions forcées et des dizaines d’arrestations parmi les opposants. Désormais, cette violence dépasse les frontières, ciblant particulièrement les militants de la diaspora.

Abel Kové est reconnu pour ses prises de position sur les réseaux sociaux et dans divers médias internationaux. Au cours des derniers mois, il a travaillé avec d’autres pour établir des liens avec des familles de prisonniers politiques. Il aurait été instrumental dans des initiatives d’aide de la diaspora pour les détenus politiques et leurs familles au Togo. Ces actions ont fait de lui  l’une des cibles privilégiées du régime. Sa proximité avec le dossier d’Abdoul Aziz Goma, détenu politique irlando-togolais, en grève de la faim et dont le cas a été évoqué au Parlement européen en septembre 2025, pourrait être la cause de l’intérêt du régime et des menaces que reçoit cet activiste.

Selon Dany Ayida, un acteur engagé sur la cause togolaise témoigne : “la répression togolaise s’étend dangereusement au-delà des frontières. Aucun parent ne devrait être obligé de choisir entre sa propre sécurité et celle de ses enfants.”

Dans ce contexte alarmant, il est impératif que les organisations de défense des droits humains et la communauté internationale condamnent fermement les enlèvements extraterritoriaux et les menaces visant les opposants, exigent la protection immédiate d’Abel Kové et de ses proches, fassent pression sur les autorités maliennes pour mettre fin à leur collaboration avec la répression togolaise, et facilitent la réunification familiale d’Abel Kové dans un cadre sécurisé. Ce nouvel épisode souligne l’urgence d’une mobilisation internationale pour assurer la sécurité des défenseurs des droits humains, quel que soit leur lieu de résidence.

Joséphine Bawa

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