Coup de théâtre dans le milieu de l’énergie au Togo. Alors qu’une enquête de satisfaction auprès de la clientèle initialement prévue pour débuter le 1er décembre, la CEET annonce un report sine die de l’opération. La nouvelle date sera communiquée en temps opportun, indique le communiqué. Peut-être l’attribution du marché de satisfaction de la clientèle poserait un petit souci.
Les raisons d’un tel report demeurent inconnues, mais peut-être les railleries sur les réseaux sociaux en seraient la cause. La note au personnel est apparue en effet sur la page de Ferdinand Ayité, journaliste contraint à l’exil, et le public, nombreux, a exprimé son incompréhension face à une telle étude. Et Ferdinand Ayité avait demandé si ses confrères à Lomé pouvaient enquêter sur le sujet. La CEET a-t-elle craint qu’un emballement médiatique impacte négativement l’enquête de satisfaction? Mystère.
Service médiocre de la CEET
Cependant l’idée même d’une telle enquête de satisfaction suscite des interrogations. La première raison est celle de l’évidence : la médiocre qualité du service de la CEET. La fourniture connaît des délestages depuis plusieurs mois et si des quartiers connaissent une relative accalmie, plusieurs zones du Grand-Lomé, Agoè et Zanguera par exemple, vivent au quotidien les délestages.
Secundo, l’extension du réseau électrique est épouvantable. Face à une urbanisation rapide, la plupart des quartiers des zones comme Agoè et Zanguera, voire de l’intérieur du pays, l’extension du réseau électrique est réalisée et financée par les populations elles-mêmes. Les branchements respectent très peu les normes de sécurité et constituent un danger pour les populations. La CEET, qui peine à réaliser des investissements pour l’extension du réseau, arrivent tout de même à mettre en service les fameux compteurs électriques « Cash Power » sur ces branchements anarchiques dignes des premiers âges de l’électricité. Les dites zones souffrent continuellement de baisse de tension et les abonnés doivent s’équiper de régulateurs de tension pour éviter des dommages à leurs appareils. Dans certaines familles, les abonnés s’équipent de stabilisateurs pour chaque appareil.
Tertio, l’introduction des compteurs à prépaiement peut être considérée comme une arnaque de la part de la CEET. Le tarif du compteur «Cash Power» est plus élevé que le compteur mécanique alors que son coût de revient pour la CEET est quasiment nul en termes de charge de personnel. Le «Cash Power» est plus cher que le compteur mécanique, mais en plus la CEET a généralisé son abonnement.
Attribution du marché en question
La CEET a mandaté AfrikSurvey, une société de droit sénégalais, pour mener l’enquête de satisfaction des clients dans les cinq régions du Togo. Sur le site de la CEET, un «Avis Général de Passation des Marchés Publics 2024», disposé en tableau, place ce marché dans « les prestations intellectuelles ». Il est prévu «le recrutement d’un consultant pour l’enquête de satisfaction des clients» financé sur fonds propres, pour un montant de 100.300.000 F. Le mode de passation pour ce marché est la DRP- une procédure simplifiée de passation des marchés, un appel d’offres restreint. Il semble que visiblement l’attribution soit conforme à la règlementation sur l’attribution des marchés publics.
Mais ça cloche quand l’on découvre qu’AfrikSurvey est une filiale du groupe AdKontact, une société de droit togolais implantée dans six pays de l’UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal, Togo). Sur son site, AfrikSurvey est présenté comme ceci : «Créé en 2015, AfriKSurvey fait partie du Groupe Adkontact, leader en dans le domaine de l’expérience client, qui gère plusieurs centres de contact à travers l’Afrique de l’Ouest».
Alors, on peut légitimement se poser des questions autour de ce marché malgré l’appel d’offre…restreinte. Il y a peut-être un loup.
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