Tout employé dans l’hôtellerie doit se faire vacciner sous peine d’être mis en congé technique, écrit le ministre du Tourisme.
Dans une prestidigitation langagière des plus improbables, Pierre Kossi Lamadokou, ministre de la Culture et du Tourisme, sans se démonter le moins du monde, vient de concilier la liberté de refuser le vaccin anti-covid et l’obligation de s’y soumettre.
« Tout en conciliant le caractère libre et volontaire de l’acte de vaccination et l’obligation de rompre à tout prix la chaîne de contaminations et de diffusion du virus dans les hôtels qui, de par la nature intrinsèque de leurs activités, constituent les portes d’entrée par excellence du virus, je demande aux responsables des hôtels de mettre en congé technique jusqu’à la de la pandémie, tout agent qui refuserait de se faire vacciner », indique le ministre.
Avant d’ajouter : « J’attache du prix au strict respect de la présente note », souligne M. Lamadokou.
La vaccination devient une question hautement politique avec un pouvoir qui entend clairement exécuter son programme par la contrainte.
Il y a quelques jours, le ministre de l’Enseignement supérieur, Pr Ihou Wateba, a mis en exergue l’obligation de la vaccination, indiquant que ceux qui s’y soustrairaient se verraient condamnés à payer la prise en charge totale des frais d’hospitalisation en cas de covid-19.
De même, le chef du groupe parlementaire UNIR, Aklesso Atcholi s’inscrit largement dans cette logique de l’obligation.
Ceux qui ne voudraient pas se faire vacciner pourraient être considérés comme des criminels » a-t-il déclaré. Avant d’ajouter sur la même lancée que «le groupe parlementaire UNIR auquel j’appartiens est prêt à proposer une loi pour rendre obligatoire la vaccination , déclare-t-il sur un ton péremptoire.
La gestion de la crise sanitaire accentue le caractère despotique du pouvoir politique togolais, qui instrumentalise l’Etat d’urgence sanitaire en vigueur depuis le 2 avril 2020 pour accroître la répression des libertés politiques.
Le couvre-feu militaro-policier décrété l’année dernière a fait des morts, contraignant le pouvoir à le lever, tout en maintenant la menace de le renouveler en cas d’augmentation critique des contaminations. Le dernier renouvellement de l’Etat d’urgence la semaine dernière laisse planer cette épée de Damoclès sur la tête des citoyens.
La vaccination à l’AstraZeneca controversé
La vaccination à l’AstraZeneca a débuté le 11 mars dernier, et plus de 50.000 personnes ont reçu leurs premières doses de vaccin. Le personnel de la santé, des secteurs privé et public, soit près de 40.000 personnes, constitue la première vague à effectuer la vaccination. La campagne s’adresse désormais aux personnes âgées de 50 ans et plus dans le Grand Lomé.
Néanmoins la controverse que suscite ce vaccin – plusieurs cas de décès- et sa suspension dans de nombreux pays, alimente la méfiance des Togolais, sans compter la prolifération des covid-sceptiques et des antivaccins sur la toile. Le Togo a reçu près de 500.000 doses de vaccin AstraZeneca dans e cadre de l’initiative mondiale Covax.
Officiellement aucun cas de décès déclaré au Togo suite à ce vaccin, mais des effets secondaires ayant entraîné des hospitalisations. Il y a eu un cas de décès douteux à Bafilo, attribué finalement à une rupture de la rate, le patient, un laborantin ayant été accidenté et malade du paludisme avant de recevoir sa première dose.
Selon l’OMS, l’Union Africaine a signé avec la société états-unienne Johnson & Johnson un contrat de 400 millions de doses de vaccins. Le vaccin coûtant 10 dollars l’unité (8,50 euros), ne requiert qu’une seule. L’UA recevra dans un premier temps des lots de 220 millions de doses.
Le Togo connaît effectivement depuis janvier une inflation critique des contaminations, dépassant désormais 1000 cas par semaine. On dénombre 10654 cas confirmés au total et 110 décès.
Sur le plan continental, l’Afrique a enregistré 4,2 millions de cas et 112 000 décès au début avril. Covax a assuré la distribution de seize millions de doses d’AstraZeneca dans 28 pays. Par contre, d’autres pays, à l’instar du Rwanda, ont reçu dix autres millions au travers d’accords bilatéraux.
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