Le Togo entre dans sa sixième journée de vaccination anti-covid lancée depuis le 10 mars dernier. La campagne continue avec les personnels hospitaliers, première ligne du combat contre le coronavirus. Un laborantin résident à Bafilo est mort le 15 mars, quatre jours après une première dose d’AstraZeneca, sans qu’on sache s’il y a un lien avec la vaccination. La campagne continue également au Grand Lomé auprès des personnes présentant des vulnérabilités au covid-19.
19 420 personnels de santé, 1 905 apprenants des écoles de formation médicale et paramédicale, 13 794 agents de santé communautaire, soit près de 40.000 personnes prennent part à cette première partie de la campagne.
La campagne se poursuit en dépit de la polémique mondiale autour du vaccin utilisé, l’AstraZeneca, dont l’innocuité serait mise en doute depuis l’apparition des cas de troubles de coagulation du sang chez des personnes vaccinées.
Plusieurs pays européens dont l’Allemagne, la France, le Danemark, et la RDC en Afrique, ont suspendu la vaccination par AstraZeneca, en attendant une décision définitive de l’Agence européenne des médicaments (EMA). L’Organisation mondiale de la santé recommande néanmoins la continuation des campagnes de vaccination.
Des cas d’effets indésirables plus ou moins graves
Dans le “Bulletin d’information N°2 Vaccination du personnel de santé du pays contre la COVID-19”, les autorités sanitaires notent un déroulement “satisfaisant” de “la phase de vaccination du personnel de santé” “malgré des rumeurs sur la vaccination à travers les médias et les réseaux sociaux“.
“Les activités de vaccination se sont poursuivies dans tous les districts sanitaires du pays. Agents de santé communautaire, infirmiers, médecins, sages-femmes étaient mobilisés pour recevoir leur première dose de vaccin AstraZeneca SII” selon le Bulletin.
Néanmoins, en ce qui concerne la gestion des effets indésirables du vaccin, les autorités ont publié un point sur les manifestations postvaccinales indésirables (MAPI).
Ainsi, on note “au total, 314 MAPI non graves” et “10 MAPI graves qui sont sous investigation“. “A ce jour un cas de MAPI grave est pris en charge au CHU Campus; les 9 autres sont guéris sans séquelles“, indique le Bulletin. Pour un cas grave, on a constaté que le patient, une femme, était positif au test PCR, ce qui suppose une contamination au covid-19 avant sa vaccination. On note le décès d’un membre du personnel de la santé de Bafilo.
Le laborantin du nom d’Alirou Sogada, est décédé le 15 mars dernier à Bafilo (400 kms au nord de Lomé), soit quatre jours après avoir reçu une première dose d’AstraZeneca. On ne sait pas encore si le décès est lié à la vaccination.
Selon des sources proches de la famille, le laborantin, victime d’un accident de la route plusieurs jours précédemment, souffrait de drépanocytose, et recevait un traitement pour un accès palustre avant la vaccination le 11 mars.
Ce cas de décès est néanmoins intervenu après la publication du Bulletin N°2 dont Le Temps a eu copie.
D’une façon générale, on relève plusieurs cas de malaises après la vaccination. Des malaises normaux dont les effets disparaissent au bout de quelques heures ou jours pour certains.
La cellule de coordination de la lutte contre le covid-19 a mis en place un système de suivi journalier des cas notifiés des effets indésirables, de classification des cas notifiés et de “prise en charge des cas graves et leur suivi jusqu’à la sortie de l’hôpital“.
Poursuivre ou ne pas poursuivre la campagne ?
Une situation pas de nature à dissuader la Cellule de lutte contre le covid-19. Lors de son passage à « Au cœur de la nation », émission-débat de la Télévision Nationale Togolaise, Dr Didier Koumavi EKOUEVI, responsable de la Cellule scientifique, déclare que le Togo n’attend pas reporter la campagne de vaccination.
Pour lui, la relation de cause à effet entre les 39 cas de thromboses et le vaccin AstraZeneca n’est pas encore établie. Et au regard de la taille des populations vaccinées (15 millions en Europe), il serait souhaitable de comparer avec la survenue habituelle de ces maladies dans la population.
La thrombose veineuse profonde, l’embolie pulmonaire et la thrombocytopénie sont les cas détectés en Europe et au Royaume-Uni, sur plus de 17 millions de doses administrées.
Dr Ekouevi note aussi que la suspension de la campagne dans certains pays n’a pas que des motivations d’ordre sanitaire. S’il est effectivement prudent de suspendre la campagne dans l’attente des résultats de l’enquête pharmacologique, on peut aussi relever que, vu l’emballement médiatique, des raisons politiques peuvent pousser des gouvernements à cette réaction de prudence, excessive.
Les gouvernements préfèrent agir dans la prudence pour ne pas exacerber les scepticismes des opinions, à cause des controverses médiatiques autour du covid-19, la découverte, la production puis la mise sur le marché des vaccins en un temps record- un fait inédit.
Mesure de prudence dont semblent faire fi les politiques togolais. Alors que le gouvernement reconduit l’Etat d’urgence sanitaire, le groupe parlementaire UNIR n’a pas écarté la possibilité de proposer une loi pour rendre la vaccination avec AstraZeneca obligatoire au Togo.
Une dictature de la vaccination reprochée déjà aux membres de la Cellule de coordination de lutte contre le covid-19. Lors d’une sortie médiatique jugée désastreuse, Pr Ihou Majesté Wateba, ministre de l’Enseignement supérieur, a abondé dans le même sens. Egalement premier responsable du CHR-Lomé Commune, centre dédié au traitement, le ministre a déclaré que les personnes qui refuseront le vaccin prendront en charge leurs soins en cas de covid-19.
Le traitement du covid-19 et toutes les charges y afférents sont à la charge de l’Etat. Le Togo dépenserait 50 millions par jour dans le cadre de la lutte contre le covid-19. Une sortie que les réseaux sociaux jugent “arrogante” et qui signalerait un manque d’empathie de la part du ministre.
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