Dans un tweet, le président américain, Donald Trump, affirme avoir signé l’autorisation de reconnaissance de la souveraineté du royaume chérifien sur le territoire litigieux du Sahara Occidental.
« Aujourd’hui, j’ai signé une autorisation reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. La proposition d’autonomie sérieuse, crédible et réaliste du Maroc est la SEULE base d’une solution juste et durable pour une paix et une prospérité durables ! », a-t-il tweeté.
Dans un autre tweet, le président américain affirme que le Maroc a reconnu les Etats-Unis depuis 1777, soit 1 an après la proclamation d’indépendance de l’ancienne colonie britannique.
« Le Maroc a reconnu les États-Unis en 1777. Il est donc approprié de reconnaître leur souveraineté sur le Sahara occidental », écrit Donal Trump établissant un lien de cause à effet pour le moins saugrenu.
Il s’agit d’une décision historique et lourde de conséquence. En fin de mandat le 20 janvier prochain, le président américain qui s’obstine à ne revendiquer sa victoire malgré la certification de tous les résultats, jette ainsi une pierre dans le jardin de la diplomatie de Joe Biden, le prochain président. Il sera difficile au prochain Secrétaire d’Etat, Antony Blinken, de revenir sur une décision sans risquer de jeter un froid sur les relations avec le royaume du Maroc.
La question du Sahara occidental est pendante à l’Onu qui suit de très près un processus de normalisation entre les parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, qui revendique l’indépendance de cette ancienne colonie espagnole devenue République arabe sahraouie démocratique.
Notons que la décision américaine constitue probablement une contrepartie à la partie marocaine pour l’établissement des relations avec Israël. Car dans un autre Tweet, Donald Trump présente comme une percée «historique» le renforcement des liens diplomatiques entre Israël et le royaume chérifien.
« Une autre percée HISTORIQUE aujourd’hui ! Nos deux GRANDS amis, Israël et le Royaume du Maroc, ont accepté d’établir des relations diplomatiques complètes – une percée massive pour la paix au Moyen-Orient ! », a encore tweeté le chef de la Maison blanche.
Depuis quelques mois, en effet, Israël, à l’instigation des Etats-Unis, a réussi à rebattre la carte diplomatique au Moyen-Orient avec l’instauration des liens diplomatiques et commerciaux avec plusieurs Etats arabes pétroliers du Golfe à l’instar des Emirats et du Bahrein, et vraisemblablement l’Arabie Saoudite sous peu.
Situation politique inédite
Les Etats-Unis sont la première puissance mondiale à reconnaître la marocanité du Sahara occidental violant ainsi le consensus entre occidentaux sur le statut de ce territoire placé par l’Onu sur la liste des territoires non autonomes.
En 2020, « La position de l’UE concernant le Sahara occidental est pleinement alignée sur les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU. L’Union européenne considère le Sahara occidental comme un territoire non autonome, dont le statut final sera déterminé par le résultat du processus de l’ONU en cours », avait déclaré le Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
Il en est de même de la Russie, du Japon et de la Chine. Bien de pays ont certes retiré leur reconnaissance à la RASD, mais très peu ont reconnu la marocanité du Sahara occidental.
Le Sahara occidental peuplé de tribus sahraouies est devenu un territoire disputé après le retrait du colon espagnol en 1975 et fut partagé entre le Maroc et la Mauritanie.
Le Front Polisario se considérant comme le représentant des peuples sahraouis a proclamé l’indépendance du territoire en 1976, une souveraineté reconnue dans le tollé par l’OUA, ancêtre de l’Union Africaine, avant la rétractation de plusieurs Etats africains des Etats plus tard.
La cour internationale de justice en 1975 déclara dans son avis consultatif qu’il y avait bien des liens juridiques et d’allégeance entre le sultan du Maroc, l’ensemble mauritanien, et les tribus sahraouies, mais elle ne constituaient pas un lien de souveraineté territoriale et n’étaient pas de nature à empêcher la tenue d’un référendum d’autodétermination au profit de la population du territoire. Le Maroc est depuis considéré comme une autorité administrante pouvant exploiter les ressources.
Certes la situation ainsi que le rapport de forces sur le terrain ont beaucoup évolué et paraissent défavorables au Front Polisario, qui se considère certes comme une « autorité administrante », mais qui perd du terrain.
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