Franck Paris, le conseiller Afrique de l’Elysée, est-il un soutien de Faure Gnassingbe ?

Franc Paris, le conseiller Afrique de l'Elysée

Dans son numéro 869 du 28 février 2020, l’Alternative épinglait Franck Paris, le conseiller Afrique de l’Elysée comme l’un des soutiens de Faure Gnassingbe. L’Alternative faisait savoir son rôle dans la vente de Togocom au Français Xavier Niel, possible accord pour que l’Elysée accepte un quatrième mandat de Faure Gnassingbé, et suppose que M. Paris serait probablement payé pour ses soutiens. Ceci a valu au journal deux mois de suspension par la Haac sur plainte de l’ambassadeur Marc Vizy, pour diffamation et atteinte à l’honneur.

Le Temps désapprouve totalement la démarche de l’ambassadeur français, hors des clous des règles du protocole, pour faire sanctionner un journal critique envers le pouvoir par une institution justement décriée par la répression de la liberté de presse.

En conséquence, Le Temps relaie, par solidarité, l’article de l’Alternative. Nous ne voyons pas vraiment dans cet article les raisons qui ont poussé l’ambassadeur français, si ce n’est sa volonté de faire taire un journal critique envers le pouvoir militaire au Togo. Franck Paris et l’ambassadeur Vizy pouvaient faire valoir leur droit de réponse, voire passer par le ministère des Affaires étrangères pour se plaindre des articles au vitriol de l’Alternative.

Nous ne saurions tolérer, surtout au regard du passif de la France au Togo le 13 janvier 1963, qu’un diplomate français se permette de se moquer des Togolais.

Lire ci-dessous l’article du bi-hebdomadaire L’Alternative.

Françafrique et soutien aux dictateurs

Franck Paris, l’Intriguant

L’expression «Françafrique » est utilisée, en général, pour désigner la relation spéciale et surtout incestueuse et néocoloniale établie entre la France et ses anciennes colonies en Afrique. Les fondements de cette relation sont mises en place à la demande du général De Gaulle par Jacques Foccart, un obscur et hideux personnage nommé Secrétaire général de l’Elysée aux affaires africaines et malgaches de 1960 à 1974, et se caractérise par des réseaux extradiplomatiques (services de renseignement, entreprises, barbouzes, militaires, etc.) et l’ingérence directe des autorités françaises dans les affaires intérieures des anciennes colonies.

Cette monstrueuse créature qu’est la « Françafrique » a assassiné plusieurs chefs d’Etat et nationalistes, dignes fils de l’Afrique. Le premier président démocratiquement élu au Togo en 1958 fut la première victime, le 13 janvier 1963, de cette entreprise criminelle ayant plongé le pays dans  l’obscurité depuis plus de 55 ans. Jacques Foccart fut l’un des pires assassins et personnages ayant marqué l’histoire de l’Afrique francophone. Son obscure organisation qui permet à son pays de continuer par maintenir son emprise et piller le noir continent a survécu à sa disparition. Plusieurs chefs d’Etat français se sont succédés à l’Elysée, ont promis de faire des reformes en matière de politique africaine, mais la Françafrique reste toujours en place. Elle est souvent pilotée par le responsable Afrique de l’Elysée nommé par le président de la République française.

Depuis Jacques Foccart à ce jour, plusieurs personnages ont occupé ce poste, avec à leurs actifs de nombreux dégâts et crimes diverses en Afrique. Le soutien implacable à des régimes peu recommandables afin de continuer le pillage de l’Afrique reste la norme, pour ne pas dire l’objectif. Les Bongo, Sassou, N’Guema, Deby, Gnassingbé, Biya qui ont pris en otage leurs pays respectifs depuis des décennies certains déjà plus d’un demi-siècle avec des bilans catastrophiques, continuent de bénéficier du soutien sans équivoque de la France, le pays des droits de l’homme et des libertés.

En Afrique de l’Ouest, le Togo, sous le joug de la famille Gnassingbé depuis plus de 50 ans, reste une curiosité et la France ne ménage aucun effort, quel que soit le président en fonction à l’Elysée, pour apporter son soutien à un régime anachronique, « humanicide » vomi par la majorité des populations.

Pendant que le chef d’Etat français sert, décline des discours de bonnes intentions pour berner les Africains, particulièrement la jeunesse, comme ce fut le cas d’Emmanuel Macron à Ouagadougou, la partie lugubre des relations est pilotée par le conseiller Afrique de l’Elysée, celui-là qui sert en réalité de courroie de transmission entre les dictateurs africains et le locataire de l’Elysée. La pratique remonte au général De Gaulle et à Jacques Foccart et n’a jamais changé.

Notre analyse nous conduit à braquer nos projecteurs sur l’actuel responsable Afrique de l’Elysée qui, malgré son jeune âge, est devenu le principal pilier des relations incestueuses entre la France et les régimes autocratiques en Afrique.

Franck Paris, une connivence incestueuse et relais de Faure auprès de Macron.

Camarade de promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA (Ecole Nationale d’Administration, promotion Leopold Sedar Senghor ), ce jeune homme de 41 ans qui est passé au département stratégie de la DGSE est le « Monsieur Afrique » de l’Elysée depuis quelques années. Et depuis, il a développé rapidement des relations, disons des liaisons dangereuses avec des régimes autoritaires et  autocratiques en Afrique francophone.

Au Togo, sous l’éternel règne de la famille Gnassingbé, il y a bâti rapidement de solides relations et amitiés. Son relais local et maître à penser se trouve être l’ambassadeur de France au Togo, Marc Vizy, dont la proximité, pour ne pas dire la promiscuité avec les autorités de Lomé n’est plus à démontrer. A chaque fois que l’occasion lui est offerte, cet ambassadeur apporte son soutien sans hésitation au régime autocratique togolaise malgré les crimes économiques, les violations massives des droits de l’homme, les restrictions des espaces de libertés, etc. Pour lui, le fait que le Togo de Faure Gnassingbé soit l’un des plus grands contributeurs à la mission de paix des Nations Unies au Mali suffit pour fermer les yeux sur les dérives intérieures du régime.

La connivence incestueuse de Franck Paris avec la dictature togolaise est un fait connu. Il se charge de ripoliner l’image et rendre lisse la dictature togolaise auprès de son patron Emmanuel Macron, en contrepartie d’espèces sonnantes et trébuchantes, le tout habillé par une sollicitation d’une plus grande implication des autorités togolaises dans la sécurité sous régionale.

Dans les contreparties, se trouvent aussi des intérêts privés d’amis d’Emmanuel Macron, à l’instar de Xavier Niel qui, avec sa société Freebox, s’en est pas mal tiré dans la scandaleuse et obscure privatisation de TOGOCOM, préalable à la validation par la France du 4è mandat de Faure Gnassingbé. Ce sont toujours les mêmes méthodes. On se souvient du Port Autonome de Lomé donné à Vincent Bolloré sur injonction de Nicolas Sarkozy au sommet de Lisbonne en 2010 moyennant le soutien de la France au second mandat de Faure Gnassingbé. On peut facilement imaginer ce que la boulimie du pouvoir coûte au peuple togolais. Deux joyaux bijoux de notre fragile économie et maigres ressources qui passent dans les mains d’obscurs réseaux français afin que Paris puisse fermer les yeux sur les puanteurs et les nauséabonds politiques non fréquentables. Emmanuel Macron peut vraiment se regarder dans la glace avec ces pratiques et dire qu’il veut mettre fin à la Françafrique ?

Pour revenir en 2010, les injonctions de Nicolas Sarkozy à Faure pour l’octroi du port de Lomé Bolloré n’ont pas seulement eu pour contrepartie le 2è mandat, mais aussi la mise au placard par l’action de la France du rapport d’enquête de l’ONU ayant conclu à 500 morts lors du massacre de 2005 qui a permis au fils du père de s’installer dans le fauteuil présidentiel. En dehors des mallettes, quel épouvantail la France a-t-elle pu agiter pour voir le régime de Faure Gnassingbé qui refusait de lâcher Togocom, s’exécuter et lâcher ce précieux bijou de famille contre l’avis des barons qui ruminent encore cette couleuvre que le duo Cina Lawson-Faure Gnassingbe leur a fait avaler ? Franck Paris continue ses virées à Lomé où il n’hésite pas à solliciter l’implication des autorités togolaises dans la lutte contre le terrorisme sur le plan régional. C’est aussi un moyen pour celui qui n’a que du mépris pour la classe politique togolaise de l’opposition, de venir se servir à la source si entre-temps les émissaires de Lomé ne rallient pas vite Paris.

C’est ainsi que ce jeune homme de 41 ans travaille dans l’ombre, avec la bénédiction de son patron Macron, pour soutenir l’une des pires dictatures encore en Afrique de l’Ouest, maintenant ainsi les populations, surtout la jeunesse dans la misère, la précarité. Pendant qu’ils prennent les mallettes, contournent le fisc en France pour s’offrir des appartements luxueux, la jeunesse africaine est livrée aux autocrates. On s’étonne par la suite de la vague d’immigration qui déferle en Europe.

En interpellant la cellule africaine de l’Elysée suite à la dernière fraude électorale consacrant un 4è mandat de Faure Gnassingbé, un Togolais, Prince Honoré Akotia, est tombé sur le fameux Franck Paris. Visiblement pris de court, il avait toutes les difficultés à répondre aux questions de ce franco-togolais sur le rôle de la France dans le soutien au 4è mandat de Faure Gnassingbé. L’entretien téléphonique enregistré et les réponses de Franck Paris balancées sur les réseaux sociaux ont montré le visage hideux de la France dans le soutien à la dictature cinquantenaire au Togo.

Il est de notoriété publique que Faure Gnassingbé ne s’accroche au pouvoir que grâce à la France.

En continuant de soutenir aveuglement le régime de Lomé contre le bon sens et pour des intérêts de certains fonctionnaires, stratégiques ou géostratégiques, la France entretient une situation qui finira trop ou tard par lui exploser à la figure. Le temps est le tombeau des princes et des rois; trop ou tard, les Togolais se débarrasseront de ce régime et en ce moment précis, ils seront reconnaissants envers ceux qui auront apporté un soutien sincère à ce noble combat.


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A propos Komi Dovlovi 1100 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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