Conseillère de Faure Gnassingbé, Reckya Madougou, ancienne Garde des Sceaux de Yayi Boni, est aussi farouche opposante de Talon depuis le palais de Lomé.
Presque un mélange de genre qui risque d’engendrer un froid entre les deux voisins. Depuis le Togo où elle officie à la présidence, Reckya Madougou garde un œil attentif sur l’évolution politique de son pays. Elle n’hésite pas à s’inviter dans le débat politique. Sans gêne et sans réserve. Son dernier fait est la tribune signée des intellectuels et dans laquelle son nom figure parmi les signataires. Dans le pamphlet, les intellectuels interpellent Patrice Talon sur ses dérives « démocraticides ».
« Il est de notre devoir d’appeler votre attention sur le fait que la contestation qui s’élève dans votre pays depuis plusieurs semaines, la colère que suscite la poursuite du processus et la défiance qui s’organise un peu partout sur notre territoire n’avaient rarement atteint, pour les législatives, ce niveau d’intensité (…) vous avez poursuivi le processus électoral contre toute attente, en militarisant le pays au risque de transformer progressivement ce havre de paix en une scène de conflit armé qui voit circuler en pleine période pré-électorale, des soldats de l’Armée et du matériel militaire lourd », peut-on lire dans la tribune. S’il faut saluer le rôle de veille citoyenne des intellectuels béninois, (ce qui manque au Togo), celui de l’ancienne Garde des Sceaux et ex- ministre de la Justice et experte en finance inclusive n’est pas sans soulever des inquiétudes.
Reckya Madougou fait partie de ce qu’on appelle au Togo, la garde rapprochée de Faure Gnassingbé. Elle s’occupe de l’image du chef de l’Etat togolais à l’étranger via la structure de communication AG Partners. Au Togo, il se rapporte qu’elle pilote une cellule officieuse spécialisée en propagande du régime de Lomé. L’ancienne ministre de Yayi Boni est dans le cercle restreint de Faure Gnassingbé. Sa voix, est l’une des voix les plus écoutées, dit-on au palais de la présidence de Lomé. Aussi la béninoise est-elle parmi les privilégiés de l’entourage du chef de l’Etat togolais. A ce titre elle doit être au parfum des secrets d’alcôve de la présidence de Lomé. Une position bien délicate pour l’ancienne ministre béninoise.
Mais Reckya Madougou ne s’embarrasse pas d’être, « au Togo et au Bénin à la fois ». Une posture d’ubiquité qui pourrait rendre glaciales les relations entre Lomé et Cotonou. Déjà, ce n’est pas la belle entente entre Faure et Talon. Au temps fort de la crise togolaise d’aout 2017, la médiation béninoise n’aurait pas plu au chef de l’Etat togolais qui a trouvé un interlocuteur à son goût en la personne d’Alpha Condé. Le chef de l’Etat guinéen nourrit la même ambition que Faure Gnassingbé. Celle de briguer un mandat de plus.
Le plat de la revanche se mange à froid dit-on souvent. Faure Gnassingbé chercherait-il à se venger de son homologue Talon sous le feu des critiques dans son pays ces derniers temps en se servant de Reckya Madougou ? Pour les détracteurs de la conseillère du chef de l’Etat togolais, elle pourrait bien jouer ce rôle surtout qu’entre elle et Patrice Talon, c’est le désaccord total. Les anciens alliés d’hier sont devenus des pires ennemis d’aujourd’hui. Aussi, Talon ne verrait-il pas d’un bon œil l’intrusion fracassante de Reckya Madougou dans les affaires politiques béninoises.
Le paradoxe Reckya
Reckya Madougou sous sa double casquette, est ambivalente. Ce qu’elle désapprouve dans son pays d’origine, elle l’approuve au Togo. Ce n’est un secret pour personne. Les dernières élections législatives au Togo sont une mascarade. Le scrutin a été émaillé d’énormes irrégularités. Mais jamais, l’ancienne Garde des Sceaux n’a levé le petit doigt. Une position dans laquelle la collaboratrice de Faure Gnassingbé et l’opposante de Patrice Talon se plaît curieusement bien.
EKLU de Badj
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