Il y a plus d’adolescents que jamais sur la planète, et leur santé est en pleine évolution, constate une gigantesque étude dont les conclusions sont publiées par le journal médical The Lancet.
L’étude s’est intéressée à 12 marqueurs de la santé des quelques 1,8 milliard d’adolescents du monde dans 195 pays, notamment le tabagisme, l’obésité, l’éducation, le mariage des enfants, la nutrition et les maladies non transmissibles.
« Il y a un grand changement épidémiologique au niveau planétaire, a résumé Mathieu Bélanger, le directeur de la recherche du Centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick. Il y a un déplacement de l’état de santé de nos jeunes […] qui passe d’un état plutôt précaire vers des maladies qui sont plus associées à des environnements riches, mais ce n’est pas nécessairement mieux. »
En 2016, les maladies non transmissibles représentaient 50 % du fardeau des maladies chez les jeunes âgés de 10 à 24 ans.
« Il y a un plus grand fardeau associé aux maladies chroniques qui sont plus difficiles à gérer dans le temps. Il y a de plus en plus de gens qui sont exposés à des habitudes de vie qui mènent au surpoids et à l’obésité », a prévenu M. Bélanger.
L’étude révèle ainsi que près d’un cinquième des adolescents de la planète souffraient d’embonpoint ou d’obésité, soit un bond de 120 % par rapport à 1990. Cela signifie que l’on compte aujourd’hui 180 millions d’adolescents de plus qui sont trop gros ou obèses.
Un seul pays sur 195, le Congo, échappe à une augmentation du surpoids et de l’obésité à l’échelle mondiale. On constate une augmentation importante du problème dans pratiquement tous les autres pays.
« C’est énorme, a dit Mathieu Bélanger. Il y a lieu de s’inquiéter, car (l’obésité) est associée à une augmentation des maladies chroniques qui sont très difficiles et très coûteuses à gérer. Les endroits les plus marqués par l’augmentation de l’obésité, et qui vont éventuellement devenir plus affligés par une augmentation de la prévalence des maladies chroniques, ce sont les endroits qui ne faisaient pas encore face à ces défis-là et qui ont moins les moyens économiques de les affronter. »
En revanche, le nombre de jeunes fumeurs a chuté d’environ 20 % entre 1990 et 2016, à quelque 136 millions de fumeurs.
Cette nouvelle étude jette un éclairage important sur la santé des adolescents, une question qui retient souvent moins l’attention que la santé des tout-petits ou des aînés.
« On a une population très vulnérable, qui est en phase de développement extrêmement importante, ce sont nos adolescents, et ils étaient laissés de côté, a déploré M. Bélanger, qui s’intéresse à la santé des adolescents depuis une dizaine d’années. Il y a peu qui se faisait au niveau de cette population-là, malgré le fait que ce soit une population pendant laquelle le développement des habitudes de vie est extrêmement important. Les comportements qu’on développe pendant les années-charnières de l’adolescence sont les comportements qu’on va maintenir plus tard à l’âge adulte. »
M. Bélanger a d’ailleurs remarqué, au fil de ses années de travail, qu’il est très difficile de modifier les habitudes de vie de nos adolescents.
« On a très peu de succès à changer les facteurs liés à l’obésité et au développement éventuel du diabète, des maladies du coeur et du cancer », a-t-il confié.
D’autres résultats
– Le nombre d’adolescents qui admettent participer à des beuveries (‘binge drinking’, en anglais) a légèrement augmenté entre 1990 et 2016.
– En 2010, un peu plus de la moitié des 620 millions de jeunes âgés de 20 à 24 ans de la planète avaient terminé leurs études secondaires.
– En 2016, les adolescentes âgées de 15 à 19 ans ont eu 11,7 millions de bébés vivants, un déclin de 25 % par rapport à 1990.
– Le nombre de filles âgées de 15 à 24 ans qui ont demandé un moyen de contraception moderne et qui n’ont pas obtenu satisfaction a bondi de 33 % entre 1990 et 2016, à un peu plus de 73 millions.
Source: La Presse.Ca
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