L’opposition politique togolaise sort groggy de l’élection présidentielle du 25 Avril. Quatre candidats ont participé à cette consultation en son nom, pendant qu’une partie de cette opposition a fait campagne pour le boycott. Les antagonismes sont profonds et alors que Jean-Pierre Fabre et le CAP 2015 continuent à revendiquer leur victoire à ce scrutin, l’inquiétude monte au sein de la population quant à l’avenir de cette famille politique.
Le défaut de stratégie unitaire
Les temps sont révolus où l’opposition formait un bloc face au général Eyadema. Ce que les partisans du changement et de l’alternance reprochent le plus aux partis politiques, c’est la propension à jouer seul face au régime du RPT/UNIR. La dernière expérience en date est celle de l’ANC qui, avec quelques petits partis membres du CAP 2015 avaient cru pouvoir terrasser la dictature. Jean-Pierre Fabre avait misé sur sa popularité apparente à Lomé pour se laisser convaincre d’aller à l’aventure de l’élection présidentielle, avec un rapport de forces plus que défavorables pour les partis de l’opposition.
Mais c’est à qui la faute si l’ensemble de l’opposition n’avait pu, à la suite de l’échec du dialogue avec le pouvoir, convenir des modalités d’une gestion collégiale du processus électoral? Il faut admettre que depuis dix ans, l’opposition togolaise s’est beaucoup métamorphosée. Un certain nombre de ses meneurs ont rejoint le parti UNIR alors que certains ont carrément raccroché. A part l’ANC, il n’y a que l’ADDI et le CAR qui sont présents à l’Assemblée Nationale, pendant que la CDPA continue à afficher un volontarisme généreux en dépit de l’absence de performance. Le renouvellement de sa direction en est peut-être pour quelque chose.
Les leaders de cette opposition gèrent leurs divergence comme un trophée. Nul ne fait l’effort d’approcher les autres ou de mettre en place une dynamique qui puisse véritablement rassembler sans se poser en obstacle aux autres.
La récente expérience a montré qu’il est impossible de renverser le régime vieux de plus de quarante-huit ans sans une approche concertée des forces démocratiques.
Attente d’une nouvelle dynamique
Au sein de la population et des forces acquises à l’opposition, c’est l’impatience. Nul ne fait plus confiance à cette classe d’acteurs passés maitres dans l’art de perdre. On réclame le renouvellement de la classe politique, sans trouver celui ou ceux qui sont capables de reprendre l’étendard et trouver des solutions là où les autres ont trébuché.
Les réflexions ont commencé dans certains cercles autour de projets politiques qualifiés de “novateurs”. Mais comment les uns et les autres comptent-ils tirer les leçons du passé et mettre les chances de leur côté pour les échéances à venir? Telle est la question et elles semble pressante.
Les élections municipales dont le gouvernement fait un secret pourrait être la solution, permettant aux forces du changement d’édifier une stratégie gagnante pour une fois. Mais cette hypothèse risque aussi de demeurer au niveau des vœux pieux, si rien n’est fait maintenant pour planifier, organiser et agir pour des résultats, à la hauteur de ces attentes.
K. Agboglati
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