C’est un camouflet pour l’image du régime de Faure Gnassingbé. L’ex-commandant de gendarmerie, Olivier Poko Amah, a fui le Togo pour se réfugier en Europe, en raison d’un « plan » visant à toucher à son intégrité physique. Il a été aidé par le Comité de résurgence de la diaspora togolaise (CRD-Togo).
Monsieur le Président du parlement européen, je viens par la présente solliciter de votre précieuse intervention aux fins de sauver la vie de M. Olivier Poko Amah, ancien officier des FAT et président de l’Association des victimes de la torture au Togo (ASVITO) qui vient de fuir le Togo en raison de graves menaces sur son intégrité physique, indique une lettre du CRD.
Le 13 septembre dernier, au cours d’un meeting du Front républicain pour l’alternance et le changement (FRAC), le commandé à évoqué un plan visant à son élimination physique. Il faisait état d’un ordre de convocation lui demandant à se présenter devant le Doyen des juges d’instruction le 16 septembre dernier. Il a déclaré qu’il s’agit d’un plan général visant à écarter les politiciens kabyè- origine paternelle du président Faure Gnassingbé- représentant potentiellement un danger pour le pouvoir.
Le mardi 16 septembre, la convocation fut ajournée en raison de l’indisponibilité du juge, pour « raison de funérailles ». Le lendemain, M. Olivier Poko Amah est porté disparu.
Sa fuite intervient dans un contexte de tensions à l’orée de la présidentielle 2015. Ce n’est pas la première fois que le commandant a maille à partir avec le régime de Faure Gnassingbé. En 2009, il a été arrêté, détenu et torturé à l’Agence nationale du renseignement (ANR), dans le cadre de l’affaire d’atteinte à la sécurité de l’Etat dans laquelle serait impliqué le demi-frère du Président, Kpatcha Gnassingbé. Il a été jugé et libéré en 2011 par la justice qui n’avait trouvé aucune preuve contre lui.
A sa sortie, il a fondé l’Association des victimes de la torture au Togo (ASVITO) et intégré le Collectif Sauvons le Togo (CST), opposition radicale. Le commandant est surtout craint pour son discours en direction de l’armée qu’il invite constamment à respecter les principes républicains. Il évoque régulièrement les difficultés des militaires togolais.
D’ethnie Kabyè, pétri de culture Ewé et mina, parlant parfaitement et sans accent ces différentes langues, Olivier Poko Amah est un tribun redouté par le pouvoir.
Le pouvoir est soupçonné par l’opposition de mettre hors d’état de nuire les opposants kabyè à son régime. L’ancien numéro 2 du régime, Pascal Akoussoulèlou Bodjona, a été déposé à la Prison civile de Tsévié (35 kms de Lomé), dans le cadre d’une affaire d’escroquerie internationale dont la justice peine à éclaircir, tant le fait politique le surpasse sur le fait judiciaire. L’ancien numéro, soupçonné de lorgner sur le pouvoir, est accusé de complicité d’escroquerie et d’abus de confiance, d’un riche homme d’affaires émirati, du nom d’Abbas El Youssef.
La fuite de M. Poko Amah en Europe rappelle à la mémoire des Togolais, l’exil forcé de M. Koffi Kounté, ancien président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), institution constitutionnelle chargée de la vigie des droits de l’homme sur le plan local. Ce magistrat été menacé de mort après un rapport d’enquête de la CNDH sur les actes de torture et de traitements inhumains et dégradants commis par les éléments de l’ANR sur les personnes inculpées dans l’Affaire d’atteinte à la sécurité de l’Etat.
Déjà peu après les violences avant, pendant, après la présidentielle 2005 ayant occasionné 400 à 500 morts, le Président de la Ligue togolaise des droits de l’homme (LTDH), l’ex syndicaliste Akué Gandhi, a dû prendre le chemin de l’exil américain.
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