Le trafic du cacao avait alimenté le conflit en Côte d’Ivoire ces dernières années, mais aujourd’hui, les exportations se font conformément aux règles. Si dans le passé, une partie de la récolte était trafiquée par le Ghana, c’est ce pays qui connait actuellement une fuite des fèves par la Côte d’Ivoire.
Après une décennie de forte croissance, le Ghana a subi une grave dépréciation de sa monnaie. Le cedi ayant plongé de 40 % par rapport au dollar, le Ghana a récemment fait appel au Fonds monétaire international (FMI) pour lui demander un appui, qui lui a été accordé.
Mais entre-temps, cette dépréciation coûte cher aux producteurs de cacao, qui trouvent intérêt à écouler leur production par la Côte d’Ivoire, où les fèves rapportent davantage.
« Les agriculteurs sont contraints de livrer la majorité de leurs produits aux acheteurs ivoiriens, afin de gagner assez pour leurs enfants ; ce n’est pas qu’ils veulent le faire. La situation est telle qu’ils sont obligés de le faire », explique Alfred Allotey, gérant d’entrepôt de cacao pour la société PBC Limited.
Mais les exploitants ghanéens qui jouent le jeu et ne trafiquent pas leur production par la Côte d’Ivoire souhaitent que le gouvernement intervienne.
« Le Ghana est notre pays. Nous utilisons le cacao pour payer nos hommes, pour construire nos hôpitaux et des routes. Si nous ne les arrêtons pas, notre pays va décliner », déclare James, un cultivateur.
Au cours de la dernière décennie, la croissance économique du Ghana a plafonné aux alentours de 7,5 % par an. Mais pour 2014 et 2015, le PIB devrait revenir à 4 %. Entre-temps, le déficit budgétaire du pays s’est creusé pour atteindre 10 % du PIB à la suite d’une augmentation des subventions et des dépenses liées au secteur public, selon l’institut de conjoncture Capital Economics. Par ailleurs, le magazine The Economist note qu’en 2012, 70 % des recettes de l’Etat sont allées à payer les salaires des fonctionnaires – un chiffre insoutenable qu’Accra entend réduire de moitié.[amazon text=Amazon&template=carousel]
Parmi les facteurs à l’origine de la crise actuelle : la baisse des prix de l’or, mais également une suspension des investissements dans plusieurs projets miniers, ainsi que les dépenses excessives du gouvernement. L’augmentation des exportations pétrolières n’a pas pu, à elle seule compenser ces pertes.
Pour éviter la fuite des fèves de cacao, le Ghana pourrait augmenter les prix à la production. Mais cela exacerberait le déficit. Donc, les acheteurs ivoiriens profitent de la situation.
Rappelons que la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao. Avec le Ghana et le reste des pays ouest-africains, elle assure les deux-tiers de la production mondiale. On chiffre à jusqu’à 100 000 tonnes la quantité de fèves qui transitent par la Cote d’Ivoire à partir du Ghana. Les deux pays parlent d’ouvrir des discussions pour tenter de juguler ce trafic.
Le Temps avec la Voix de l’Amérique (VOA News)
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