Le dialogue intertogolais a débuté ce matin dans les locaux de Togotélécom, la société de téléphonie fixe. Participent à cet énième dialogue, les partis politiques suivants et leurs représentants: Patrick Lawson et Kodjo Délava pour l’ANC, Dodji Apévon et Brigitte Jonhson-Adjamagbo pour Arc en ciel, Alphonse Kpogo et François Kampatibe pour l’ADDI, Komi Sélom Klassou et Solitoki Esso pour UNIR et Jean-Claude Homawoo, et Wilson Doris de-souza pour l’UFC.
Le gouvernement, qui a un statut d’observateur, est représenté par Gilbert Bawara, ministre de l’Administration territoriale et Eninam Christian Trimua, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Justice, chargé des relations avec les Institutions de la République.
Le dialogue a pour but de trouver un accord sur les réformes institutionnelles et constitutionnelles avant la présidentielle 2015. Lesdites réformes, recommandées par l’Accord politique global traînent depuis octobre 2007, faute d’accord entre le pouvoir et l’opposition. Le présent dialogue dialogue en dehors du parlement, exigé par l’opposition, n’a été possible que grâce à la pression de la Communauté internationale.
Un agenda plutôt ambitieux
Le nouveau dialogue commence là où s’étaient arrêtés les anciens, c’est-à-dire de nombreuses questions aux principaux attributs d’une République.
Douze points sont inscrits à l’ordre du jour du dialogue :
1- Le régime politique
2- La nomination et les prérogatives du Président de la République ;
3- Les conditions d’éligibilité du Président de la République ;
4- La durée et la limitation du mandat présidentiel ;
5- L’institution d’un sénat ;
6- La réforme constitutionnelle ;
7- Le mode de scrutin pour toutes les élections ;
8- L’amélioration du cadre électoral (CENI et ses démembrements, découpage électoral, financement public des partis politiques, des candidats et des délégués dans les bureaux de vote, statut de l’opposition, chambre administrative et la cour suprême, etc.) ;
9- Les élections locales ;
10- La Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication (HAAC) ;
11- Le Caractère républicain de l’armée ;
12- Les mesures d’apaisement du climat politique (sécurité des militants des partis politiques, libération des personnes détenues et annulation des poursuites dans l’affaire des incendies des marchés de Kara et de Lomé, libération des condamnés dans l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat, désignation des chefs traditionnels).
Un bureau provisoire des débats a été formé à cet effet. Il est composé de:
Présidence : ADDI
Vice-présidence : UNIR
Premier Rapporteur : Arc-en-ciel
Deuxième Rapporteur : ANC
Troisième Rapporteur : UFC
Les travaux se poursuivront le mardi 20 mai 2014 de 09 à 15h, jusqu’au 31 mai 2014.
Un vent de pessimisme
L’appel à un dialogue inclusif a été lancé, mais les acteurs présents ce matin représentent le landerneau politique sur la scène depuis les législatives 2007. Les participants présents à ce dialogue sont les mêmes au parlement. On note l’absence des partis politiques extraparlementaires et de la société civile. Ceci crée une différence notable avec le Cadre de concertation et de dialogue permanent-Rénové (CPDC-Rénové), qui a notamment obtenu des accords sur certains points en discussion actuellement, surtout la durée et le nombre de mandat présidentiel.
Au lieu de susciter de l’optimisme, certaines personnalités sont pessimistes quant à l’issue de ces discussions considérées comme un « non-événement ». Les détracteurs du dialogue sont nombreux. C’est le cas par exemple de Fulbert Attisso, chanter d’un rassemblement et d’une candidature unique de l’opposition.
Ce qui va se passer jusqu’à la fin du mois de mai est un non-événement parce que depuis 25 ans, nous avons fait la même chose. A la veille de chaque élection, les acteurs se retrouvent, discutent, se battent, après on organise les élections et le parti RPT-UNIR conserve le pouvoir. Les gens vont dans la rue, s’en suit une répression et la vie reprend son cours normal, et à la veille d’une autre élection, on refait la même chose, fulmine-t-il le père de l’Appel des patriotes, pour un rassemblement de l’opposition.
Selon lui, l’opposition doit plutôt chercher les voies et les moyens de battre le parti au pouvoir, au lieu de perdre son temps dans de vaines discussions. « Si l’opposition doit réussir à in,verser la tendance et à réaliser l’alternance, la solution est endogène, c’est-à-dire, ils n’ont rien à chercher avec le parti au pouvoir », a-t-il ajouté.
Fulbert Attisso, ancien président Mouvent citoyen pour l’alternance (MCA) ne fait pas lui-même cas de son échec de prendre le pouvoir par la rue. Sa tentative d’un mouvement populaire et insurrectionnel à la veille de la présidentielle 2010 a été étouffée dans l’œuf, et les principaux responsables de l’organisation arrêtés. Néanmoins on relève la pertinence de ces idées, même s’il ne suffit pas d’avoir une candidature unique pour battre le pouvoir en place. En 2005, l’opposition a eu un candidat unique mais le scrutin a été remporté par 2/3 des voix par le président actuel, aux termes d’une mascarade électorale ayant donné lieu à plus de 400 morts selon l’ONU. La question se pose donc à la fois sur le plan politique et technique de l’organisation d’un scrutin où on pourrait faire barrage à une fraude maximale.
De toute façon, le plus difficile commence demain pour les acteurs. Plusieurs points des débats n’ont jamais trouvé d’accord. Rien que sur la limitation et la durée du mandat présidentiel, les parties n’ont jamais été sur la même longueur d’onde. Une autre question est la participation de l’actuel chef de l’Etat Faure Gnassingbé à la présidentielle de 2015. Une partie de l’opposition s’oppose à sa participation alors que la Constitution actuelle le lui permet.
Komi Dovlovi
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