Après deux rencontres avec le Premier ministre pour discuter de la relance du dialogue politique intertogolais, les responsables des principaux partis de l’opposition affichent une confiance qui peut surprendre tout observateur averti du jeu politique au Togo.
C’est l’opposition politique qui a réclamé le dialogue en vue d’amener les autorités dirigeantes à engager les réformes pour le renforcement du dispositif normatif et institutionnel pour des élections démocratiques au Togo. Le chef de l’Etat avait réagi en indiquant que les discussions pour les réformes devraient se mener à l’Assemblée Nationale. Les consultations que le Premier Ministre Arthème Ahoomey-Zunu vient d’avoir avec la classe politique étaient destinées à préparer lesdites discussions politiques. Face aux partis politiques, la délégation du gouvernement était composée du Premier Ministre Ahoomey-Zunu, de Pré Simfétchéou, son Directeur de Cabinet, du ministre Gilbert Bawara de l’Administration Territoriale et du Secrétaire d’Etat, Christian Trimua.
Les réactions des représentants des partis politiques du pouvoir et de l’opposition sont pour le moins surprenantes, après leur rencontre avec le chef du gouvernement. Alors même que les échanges n’ont pas commencé dans le fond, tous se montrent satisfaits. C’est plutôt le décorum mis en place par l’exécutif qui semble rassurer les protagonistes : les discussions commenceront la semaine prochaine ; un local aménagé dans l’immeuble de Togo Telecom en servira de cadre ; le gouvernement aura un statut d’observateur…
Les réformes devraient porter sur six grands points : le régime politique, la nomination et les prérogatives du Premier Ministre, les conditions d’éligibilité du Président de la République, la durée et la limitation du mandat présidentiel, l’institution d’un Sénat et enfin, la réforme de la Cour Constitutionnelle. Ces points ne seront abordés qu’à l’ouverture des négociations entre les différents acteurs, c’est-à-dire les partis représentés à l’Assemblée Nationale.
Bonnes dispositions
Les responsables des partis politiques pratiquent une courtoisie touchante. Opposition toutes tendances et parti au pouvoir ont tous salué les efforts du gouvernement pour relancer le dialogue. Patrick Lawson, le chef de la délégation du principal parti de l’opposition ANC a déclaré : « Nous mettons tout en œuvre pour que ce dialogue soit une réussite ». Georges Aïdam, vice-président d’UNIR ne dit pas autre chose lorsqu’il déclare : « nous prenons acte de ce qui nous a été proposé ; nous ferons de notre mieux pour aboutir à des résultats attendus par le peuple » et le 2ème vice-président du parti au pouvoir, Katary Foly Bazy de renchérir : « Si l’esprit que nous avons constaté ce matin se poursuit, nous estimons que nous pourrons faire un très bon travail ».
Nous mettons tout en œuvre pour que ce dialogue soit une réussite
Malgré ces bonnes intentions, l’ANC dans un communiqué publié mardi a tenu à préciser que le parti a souligné « l’importance qu’il convient d’accorder au caractère structuré du dialogue, qui doit être placé sous la conduite d’un Médiateur et faire l’objet d’une préparation attentive et efficace. »
En attendant la discorde ?
Ce serait une vue de l’esprit de croire que cette bonne entente se poursuivra longtemps. Les sujets à l’ordre du jour sont épineux et il y a deux facteurs de complication : il n’est prévue aucune coordination explicite pour superviser le dialogue ; de plus le désordre dans l’opposition pourrait conduire à des positions inconciliables.
A défaut d’une plateforme commune et d’une stratégie unitaire, les partis de l’opposition risquent d’être leur propre facteur d’échec. Les acteurs dans ce dialogue du côté des opposants sont : ANC, CAR, ADDI et Sursaut Togo. Jouissant de leur légitimité au parlement, ces formations politiques se retrouvent porteuses de luttes longtemps menées par l’ensemble de l’opposition au régime. Plusieurs partis politiques hors de l’hémicycle dénient la qualité de chef de l’opposition à Jean-Pierre Fabre de l’ANC.
Contrairement aux précédentes négociations, celle qui commence n’a pas de médiateur ou de facilitateur. Le Burkina Faso avait joué ce rôle, par la personne de son président actuellement aux prises avec ses propres problèmes. Il est surprenant que les discussions préliminaires entre les partis et le gouvernement n’aient pas permis de se mettre d’accord sur une personnalité nationale, capable de diriger les débats.
Le rôle que s’assigne l’exécutif togolais a aussi de quoi créer le flou. On se demande le mandat que des représentants d’UNIR détiendront dans les discussions et comment les décisions du dialogue pourraient être opposables au gouvernement-observateur.
L’absence de ces garanties pourrait donner l’impression que la volonté politique affichée par Faure Gnassingbé ne soit pas si forte. Mais on n’est qu’au début ; et la suite des rencontres entre les protagonistes situeront sur l’étendue des enjeux.
K. Agboglati
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