La grave crise de gouvernance ouverte à Ecobank ne connaîtra son épilogue qu’en juin prochain, ainsi en a décidé le huis clos de l’AGE tenue à Lomé ce lundi 03 mars. Laurence Do Rego, la directrice exécutive démise de ses fonctions remporte une victoire symbolique en étant réintégrée.
L’Assemblée générale extraordinaire (AGE) sur la gouvernance d’Ecobank tenue à huis clos à Lomé ce 03 mars divisé la poire en deux : toute grande décision concernant la direction de la banque est reportée à l’Assemblée générale de juin prochain. Les actionnaires du groupe réunis à Lomé devraient également approuver le remaniement du conseil d’administration. Ecobank traverse une grave crise de gouvernance depuis juillet dernier, les administrateurs se livrent une guerre de tranchée sur fond d’accusation de malversations.
Pour l’instant, aucune décision sérieuse n’a été prise, mais Laurence Do Régo, l’ancienne directrice chargée exécutive chargée des finances, démise de ses fonctions par le Directeur général, pour “défaut de qualification”, remporte une victoire symbolique. L’AGE a exigé sa réintégration. Laurence Do Régo est à l’origine de la révélation de malversations financières qui caractérisent la gestion de la banque panafricaine.
La réunion du 03 mars se présente symboliquement comme une victoire provisoire du Directeur général Thierry Tanoh, dont les directeurs adjoints exécutifs réclament la démission depuis le 14 février dernier.
Dans un courriel co-signé par Albert Essien, numéro deux d’Ecobank, Evelyne Tall et Patrick Akinwuntan et Eddy Ogbogu, tous directeurs généraux adjoints, ont demandé à M. Tanoh, nouvellement arrivé à la Direction générale de la Banque, d’envisager son départ comme une solution à la crise.
En retour M. Tanoh a fait savoir que les administrateurs adjoints craignent en réalité les résultats de l’audit en cours fait par le cabinet KPMG.
Avant le courriel des directeurs adjoints, deux administrateurs sud-africains, Daniel Matjila (représentant de PIC) et Sipho Mseleku, ont demandé ouvertement le 22 janvier dernier le départ de Thierry Tanoh, ce que le conseil d’administration leur a refusé.
Ecobank, la première banque panafricaine, traverse une grave crise depuis juillet 2013, à telle enseigne qu’on craint la mainmise d’un groupe étranger sur l’institution.
Un article du Financial Times en juillet dernier révélant la mise en cause du président du conseil d’administration de l’époque, Kolapo Lawson, par les autorités financières du Nigeria. Elle s’est ensuite poursuivie par l’ouverture d’une enquête de la Securities and Exchange Commission du Nigeria (SEC) sur des accusations (tentative de vente d’actifs à bas prix, manipulation des comptes, notamment) portées par Laurence do Rego, directrice exécutive en charge des Finances, contre Thierry Tanoh.
La crise fragilise l’institution, menacée de rachat par les groupes étrangers. Malgré ces multiples rebondissements, le groupe continue à afficher de solides résultats. Le bénéfice avant impôts pour les neuf premiers mois de 2013 a augmenté de 56% par rapport à l’année précédente.
Après avoir fortement augmenté depuis la prise de fonctions de Thierry Tanoh, le cours de bourse d’Ecobank, coté à Abidjan, Lagos et Accra, a perdu près de 20% à la bourse du Nigeria en un mois.
Ecobank a été créée dans les années 1980 par un groupe d’homme d’affaires ouest-africains et des Etats de la CEDEAO. L’institution s’est rapidement développée et opère aujourd’hui dans 35 pays.
Tony Feda
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