Les entreprises de la foi prospèrent et se multiplient plus facilement sur le terreau de la populace croyante (crédule) que les entreprises économiques. Les gens chez nous sont plus enclins à sauver leur âme qu’à construire le bonheur pour eux et la richesse pour la nation. Chrétiens, animistes et musulmans connaissent une telle inflation dans leurs pratiques que les institutions qui les régissent disputent leur popularité aux organes de la République. Ce n’est pas une comparaison, juste une juxtaposition.
La dévotion au divin quel qu’il soit est une échappatoire qui en sauvant l’esprit préserve le corps, tout en dédouanant les mortels citoyens d’accomplir des devoirs prescrits par les laïques lois de la cité. Bien entendu, toute généralisation en cette matière serait extravagante, mais comment ne pas observer un phénomène qui désagrège l’esprit des lois au profit de l’inconsciente sublimation d’un dogmatique programmé pour devenir décadent? Que Dieu nous pardonne ! Que la Patrie nous sauve !
Quand on sillonne nos quartiers et nos villages, on rencontre des groupes de personnes dépouillées de tout jugement critique qui subissent des croyances qui les diminuent psychologiquement et matériellement et les érodent intellectuellement. Alors en quoi croit-on dans ces enclos?
Beaucoup de managers des entreprises de la foi sont des rebuts de l’élite. Ils ont l’adresse du verbe pour pratiquer avec brio les ruses du marchand. « Ta foi te sauvera » est le dogme qui valide toutes les interprétations qu’on fait des « livres sacrés » et des atours du surnaturel trop présent dans tous nos actes.
La libéralisation des associations religieuses au début des années 90 au Togo est la plus grande réforme qui aura finalement aidé à sauver l’Etat de la faillite totale. Les citoyens sont détournés des besoins ordinaires pour fondre leurs convictions dans les visions fantasmagoriques d’un avenir radieux et lointain. Cet avenir inaccessible sur terre à cause de la gouvernance dévoyée est projeté dans une existence au bénéfice duquel on finit par s’abandonner. Cette foi-là est celle qui tue la République ; elle nous enlève des citoyens et créent des fidèles traitres à la cité.
K. Agboglati
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