Un traitement contre le virus Ebola a été administré à deux Américains rapatriés à New York. C’est la première fois que le produit a été testé sur des humains et de l’avis des chercheurs, les résultats sont concluants. L’OMS a demandé qu’un comité d’éthique soit mis en place pour évaluer et éventuellement homologuer le traitement américain. En Afrique de l’Ouest où l’épidémie sème la terreur (plus de 900 morts), la nouvelle suscite à la fois espoir et crainte.
La maladie à virus Ebola frappe le Liberia, la Sierra Leone, Guinée et maintenant le Nigéria. Aux Etats-Unis un antidote a été expérimenté sur deux Américains contaminés au Liberia et rapatriés à New York. Les symptômes de l’infection ont été atténués dans l’heure qui a suivi l’administration d’une première dose. Des résultats concluants qui suscitent au sein de la communauté de médecine quelques intérêts. Mais pour les malades du virus et les populations qui en sont menacées, la généralisation du traitement pourrait se buter à certains préalables et d’autres contraintes.
Un sérum produit par une souris
Le sérum qui a été testé sur les patients américains a été produit par une souris en laboratoire. Il n’avait jamais été testé sur des humains mais seulement sur des primates. Il s’agit, selon des experts d’une composition de trois « anticorps monoclonaux produits par une souris, puis « humanisés » par la suite, pour que le corps humain ne les considère pas comme des corps étrangers ».
Les deux personnes traitées aux Etats-Unis étaient des volontaires, eux-mêmes médecins, et dont les avis étaient donc suffisamment fondés pour permettre que leur corps soient utilisés de façon expérimentale dans le cadre de la recherche de traitement contre la maladie. De plus, il faut noter que le traitement a été appliqué très tôt, quelques temps après l’infection et bien avant l’apparition des symptômes. L’efficacité du sérum a pu être testée de cette façon.
Question d’éthique
Il y a quelques obstacles à ce que le traitement expérimental soit appliqué sur des patients africains qui souffrent de la maladie d’Ebola. Administrer le sérum à d’autres personnes confrontées au virus à titre expérimental serait contre « l’éthique médicale » et contre les avis de l’OMS. Il ne s’agit pas encore d’un médicament dont la commercialisation et l’utilisation sur des patients ordinaires soient possibles. Le traitement a besoin d’être homologué suivant les procédures admises en médecine. Les deux Américains non seulement étaient volontairement des ‘’cobayes’’ pour les tests, mais avaient les qualifications nécessaires pour que leur avis soit suffisant en la matière.
On estime que d’ici au début de l’année 2015, le médicament pourrait être traité sur le personnel soignant. Mais il faudra encore beaucoup d’expérimentations avant que le grand public y ait accès. Les normes voudraient que l’on vérifie les effets cliniques sur des centaines de patients avant d’appliquer le sérum sur l’homme, sur la base de prescription médicale.
Ebola n’intéresse pas les grands groupes pharmaceutiques
Ce qui pourrait choquer certains, c’est que le virus Ebola soit apparu depuis 1976 et que jusqu’à ce jour aucun traitement ne soit disponible. L’explication est pourtant simple et peut émouvoir. En 40 ans, l’OMS estime à environ 2000 le nombre de personnes atteintes. Le problème est qu’à la différence des infections bactériennes, les virus ne suscitent pas chez les groupes pharmaceutiques autant d’intérêt. La question est moins liée aux enjeux de santé publique qu’à ceux d’économie et de commerce. Les Etats sont en la matière désarmés et la communauté internationale n’y peut grand-chose.
Joséphine Bawa
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