Le groupe islamiste a commis mardi un double attentat à Jos au centre du Nigéria. C’est la deuxième fois que cette organisation fait parler d’elle dans cette localité, majoritairement chrétienne, après avoir sévi à Abuja la capitale.
Un double attentat a frappé hier un marché fréquenté de la ville de Jos, dans le centre du Nigeria à la limite entre le sud à majorité chrétienne et le nord davantage musulman. Les bilans font état d’au moins 118 personnes tuées. On dénombre également plusieurs blessés et de disparus. Selon le porte-parole du gouvernement de l’Etat, les victimes sont en majorité des femmes, revendeuses dans le marché qui a été visé par les explosions.
La double attaque n’avait pas été revendiquée mardi. Les soupçons se portent sur le groupe islamiste Boko Haram. Il aurait des cellules actives à Jos, une ville qu’il a déjà attaquée par le passé. «Il y a eu deux explosions séparées» au marché New Abuja vers 15 heures locales, a indiqué Pam Ayuba, le porte-parole du gouverneur de Jos. «La première explosion est due à un camion piégé, la seconde à un minibus piégé», a déclaré de son côté Kingsley Egbo, membre de la Task Force militaire (STF) pour l’Etat du Plateau, dont Jos est la capitale, rapporte l’AFP. L’Etat du Plateau marque la limite entre le sud chrétien et animiste et le nord majoritairement musulman.
Ces nouvelles attaques qui se sont produits hors du fief habituel de Boko Haram prouvent que le mouvement rebelle ne compte pas se limiter au nord du pays. Les dispositions prises par les autorités d’Abuja pour contrer la menace se révèlent jusqu’ici improductives. L’armée est dépassée et les services spéciaux n’arrivent pas à anticiper les attaques des islamistes dont les objectifs sont pourtant clairs.
En un mois, deux attentats à la voiture piégée ont fait près d’une centaine de morts à Abuja, la capitale fédérale (à 300 km au sud-ouest de Jos). Le premier a été revendiqué par Boko Haram, engagé dans des actions sanglantes depuis 2009.
Alors que les attaques ont fait plus de 2.000 morts, en majorité des civils, depuis le début de l’année, les sénateurs ont voté mardi à l’unanimité, comme l’avaient fait les députés la semaine dernière, la prolongation de l’état d’urgence dans les Etats de Yobe, Adamawa et Borno (nord-est). Cette mesure était déjà en vigueur depuis un an dans ces Etats. C’est dans l’Etat de Borno que le groupe islamiste armé a enlevé mi-avril plus de 200 lycéennes. Ce rapt a suscité une vaste mobilisation internationale. Les recherches pour retrouver les filles ont reçu le renfort de plusieurs pays étrangers, à la demande du président Goodluck Jonathan.
Jusqu’alors, l’on croyait le sud peuplé de Yoruba et d’Igbo inaccessible à Boko Haram. Certains spécialistes prédisaient même l’incapacité du groupe islamiste à prospérer dans ces régions, arguant de l’organisation sociale différente de celle du nord haoussa et musulman. L’hydre Boko Haram s’enfonce dans le corps malade du géant ouest-africain, plus que jamais affaibli face à un danger intérieur qui s’amplifie depuis 5 ans, avec une capacité de nuisance toujours inégalée.
Le Temps avec AFP
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