Les cris silencieux des parents d’élèves et des enseignants ne semblent pas porter dans les oreilles des dirigeants de l’école togolaise. Les oreilles seraient sourdes mais aussi rugueuses. Rentrées scolaires régulièrement reportées à chaque rentrée au cours de ces dernières années, revendications des enseignants et des syndicats, menaces, manipulations et le temps passe et le temps presse. C’est là l’expression d’un malaise social, les jeunes s’interrogent sur leur avenir et se plaignent; l’éducation à la base a des problèmes et les grèves et cessations de cours se multiplient. Le gouvernement dit ne pas avoir fermé les portes du dialogue alors qu’aucune initiative n’est entreprise ce qui fait que le dialogue s’est transporté maintenant dans la rue.
Les syndicats de l’enseignement scolaire n’arrivent plus à contrôler leur base, celle-ci ne croit plus en leur franchise ni leur sincérité : « dès que nos représentants reviennent des négociations de Lomé c’est dans des voitures immatriculées ‘AO’ de dernière série qu’ils roulent ; nous ne sommes pas des enfants et nous savons qu’ils ne peuvent pas refuser l’argent qu’on leur donne pour les manipuler mais nous ne pouvons pas avaler » dénonce Mensah, enseignant de Philosophie dans un lycée de la région des Plateaux. La remarque n’est pas banale et la plupart des syndiqués le savent que le gouvernement procède par manipulation en vue de casser le mouvement. Un des enseignants mécontent rencontré à Notsè raconte : « quand le gouvernement avait fermé les classes, nous croyions que c’est pour discuter avec nous. Il a remis des millions aux délégations des ministres ; au lieu de rencontrer les syndicats, les Ministres sont allés monter les parents d’élèves et les chefs traditionnels contre nous. Ils nous insultent en plus».
Ces tribulations entre enseignants et autorités font monter la colère des élèves. Ceux-ci viennent de montrer cet agacement à travers des manifestations dans plusieurs villes du Togo. A Niamtougou, Bassar, Tchamba, Tsévié, Vogan, Akoumapé, Bè ils sont sortis nombreux depuis ces trois derniers jours pour demander que les enseignants reviennent dans les classes et que les frais d’écolage soient rentabilisés. La tentation est grande pour que toutes les villes du Togo soient contaminées par les mouvements. Cette fois-ci les manifestants ont fait sortir des classes leurs camarades des écoles privées parce que le mouvement de grève ne concerne que l’enseignement public. Les enseignants disent qu’ils considèrent les cours de la période de grève réalisés car les salaires au cours de cette période ont été retenus par l’autorité.
Comme l’année dernière les élèves semblent apporter déjà leur soutien à leurs enseignants, ce par rapport à quoi le gouvernement voulait lutter à travers la fermeture des écoles. En 2012 deux élèves étaient morts dans les manifestations similaires.
COLOMBO
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