Beaucoup de médias africains et internationaux se sont focalisés sur la déroute que le parti historique noir, African National Congress, a subi lors des dernières élections locales. Mais face au reste de l’Afrique, c’est l’exemplarité du comportement de l’ANC qui mérite d’être soulignée.
Une analyse de K. Agboglati
Depuis 1994, l’Afrique du Sud vit une expérience démocratique quasi-exceptionnelle sur le continent africain. Après le régime de l’apartheid, l’ANC qui a pris le pouvoir avec Nelson Mandela avait le contrôle de toutes les institutions du pays, aux niveaux local, provincial et national. Les élections municipales du 03 Août constituent donc un grand tournant, puisque le Congrès National Africain a perdu le contrôle de quatre grandes métropoles du pays. L’Alliance Démocratique (DA), principal parti d’opposition (à dominance blanche) a pris le contrôle de Johannesburg, de Pretoria, le Cap et de Port Elizabeth.
Les raisons de la débâcle électorale sont connues: elles se rapportent à la mauvaise gestion du parti sous le président Zuma d’une part, et à la corruption qui gangrène la gestion publique d’autre part. Mais on peut aussi admettre, que l’Afrique du Sud qui connaît une jeunesse active qui n’avait pas vécu la période de l’apartheid voit a d’autres références et d’autres préoccupations en participant aux élections. Ces locales sont de ce fait un véritable baromètre dont les interprétations peuvent varier en fonction de l’angle d’analyse.
En Afrique, des partis au pouvoir ont souvent des moyens de préserver leurs privilèges, même lorsque les conditions sont réunies pour qu’ils perdent les élections. La plupart du temps, ils se servent de pratiques frauduleuses pour garder la mainmise sur leurs prérogatives. Certains recourent également à la violence et à l’achat de conscience. Ce manque de fair play dans les élections est à l’origine de plusieurs crises politiques que l’on connaît dans les différents pays.
Il y a donc lieu de saluer la maturité et les convictions démocratiques des leaders de l’ANC; à commencer par le Président Jacob Zuma. Leur comportement avant, pendant et après les élections locales sont des pratiques qui doivent faire école sur le continent africain. Les dirigeants du parti analysent froidement la nouvelle donne et en tirent des leçons pour le futur. Il est clair que l’ANC va devoir engager des réformes profondes en son sein et aborder autrement les prochaines échéances tout en se débarrassant de quelques avatars qui ont provoqué son échec.
Du côté de l’Alliance Démocratique et des petits partis qui vont apprendre à exercer la gouvernance dans l’Afrique du Sud post-apartheid, c’est une nouvelle école de la démocratie qui commence. Ce pays, l’un des plus économiquement avancés sur le continent (première économie) se forge des mécanismes de gouvernance démocratique qui méritent que l’on s’y intéresse plus souvent.
K. Agboglati ([email protected])
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