Election locale: De la pollution visuelle sur les réseaux sociaux

Des formats et des couleurs mosaïques se rivalisent sur la toile. C’est le reflet d’une campagne digitale truffée de visuels amateurs pour les locales.

Les candidats à l’assaut des 117 communes que compte le Togo ont opté pour une campagne trop axée sur le digital. Sur Whatsapp et Facebook, la déferlante digitale occupe des espaces. Autrement, elle pollue et crève même les yeux avec des couleurs Benetton et des affiches protéiformes. Ce qui ne laisse pas indifférents des techniciens en communication digitale.

« Les candidats ont opté pour une campagne digitale sur les réseaux sociaux. C’est le temps qui veut ça. La majorité de l’électorat passe le clair de son temps connecté sur Whatsapp, Facebook ou d’autres réseaux sociaux. C’est une bonne chose d’avoir fait le choix de passer par les réseaux sociaux pour toucher les gens. Mais ce choix implique des contraintes », avertit le graphiste Maxime Apevinyikou. Il explique. « La première c’est de respecter des codes visuels dans la communication. Il faut respecter des codes esthétiques, graphiques, d’expressions visuelles. La conception, le message et le design doivent être en harmonie sans toutefois trahir la charte graphique du parti ».

Or c’est sur ce plan que beaucoup de candidats pèchent selon le graphiste. « Les visuels ne parlent pas. Et ce n’est pas ça quand on parle d’un visuel de campagne. Il y a des visuels qui laissent à désirer », regrette Maxime Apevinyikou. Pour lui, cela est dû à « un manque de culture en matière de sémiologie, de graphisme et de l’image.  Au Togo, la communication peine à convaincre. Les gens peinent à comprendre le sens de la communication, l’importance d’un vrai graphiste pour ne pas dire l’importance d’un vrai spécialiste en communication dans une campagne comme celle-là où dans une entreprise. Et c’est ça qui se sent dans cette campagne », déplore-t-il.

Visiblement, les candidats sont surtout guidés par le souci de toucher le plus grand monde. Mais là aussi ils ne semblent pas faire le bon choix. « A quoi ça sert pour ces élections communales de faire uniquement campagne sur  les réseaux sociaux quand on sait qu’on a besoin d’électeurs que dans une zone donnée », s’interroge Carlos Tobias, IT Journaliste. « Il faut quand même dire que la cible des réseaux sociaux n’est pas forcément la même lorsqu’on met les affiches. Avec les réseaux sociaux, on a une chance de porter plus loin son message mais pas forcément aux bonnes cibles », précise le journaliste IT. Il suggère de « mettre l’accent sur les autres formes de campagnes que viendra appuyer une stratégie de communication digitale ». Pour cela Carlos Tobias souligne que la communication digitale «ne devrait pas être l’unique priorité ».

Des visuels low cost sur la toile

Il n’y a pas que la démarche de toucher le plus grand nombre de personnes qui guide le candidat. L’aspect pécuniaire aussi. Il est un fait que les visuels sont à des prix discounts pour certains candidats à l’assaut des communes. Les visuels sont aux rabais. Et donc plus facile pour les candidats qui mégotent sur les moyens et préfèrent les conceptions truffées d’amateurisme au détriment des vrais professionnels. « Si ça nous désavantage financièrement ? Oui et non. Oui dans le contexte où le candidat décide de faire des affiches à moindre coût que d’aller payer 50 ou 100.000 FCFA pour un bon projet de campagne. Non parce ce que ceux qui connaissent le vrai sens de la communication nous approchent. Dans ce cas, quand vous voyez certaines affiches, vous sentez la différence », tranche Maxime Apevinyikou.  Il trouve plutôt que c’est une situation qui ridiculise les candidats et qui ne touche en rien la qualité de travail que font les vrais graphistes. « Si les candidats pensent que par cette voie ils vont atteindre leurs objectifs, on ne peut que leur souhaiter bonne chance ».

EKLOU de Badj

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