Universités : Le professeur Dodji Kokoroko pourrait être poussé à la démission

La destitution morale du professeur Dodji Kokoroko rejaillit sur  l’institution qui, en contrecoup et logiquement sera  frappée de l’exclusion des activités du CAMES qui frappe son premier dirigeant. Une situation sur le court et moyen intenable pour l’Université de Lomé.

La décision du CAMES portant mise à l’écart du professeur Dodji Kokoroko pour une longue durée est  aussi lourde de conséquence pour l’université de Lomé. A terme, si rien n’est fait, c’est toute l’institution universitaire qui serait paralysée par impossibilité de collaborer avec les autres institutions faîtières panafricaines et celles des pays membres.

Désaveu politique des ministres de l’Enseignement supérieur du CAMES

Il s’agit d’une décision prise à « l’unanimité » des ministres de l’Enseignement supérieur des 19 pays membres du CAMES, dont Koffi AKPAGANA, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche du Togo. En dépit d’un soutien en haut lieu, dit-on, le ministre togolais était bien obligé de s’aligner sur ses collègues. Le Conseil des ministres est l’instance suprême du CAMES. Sur le site du CAMES, le Conseil des ministres est « l’instance politique qui définit la politique générale de l’Organisation ;  adopte les résolutions concernant les politiques d’Enseignement Supérieur et de la Recherche,  examine et approuve le compte rendu des travaux du Comité des Experts y compris les propositions de résolutions et recommandations »

Il s’agit donc d’un désaveu politique. Même si au Togo, le professeur a le soutien de Faure Gnassingbé qui l’a nommé en mai 2016, on voit mal les autorités togolaises lui garder leur confiance. Par ailleurs, la situation revient comme un boomerang en pleine bouille du pouvoir togolais depuis que, sous la houlette de l’ancien ministre Nicoué Broohm, la nomination du président de l’Université relève du fait du prince et non d’une élection par les pairs.

Désaveu moral

La gravité des manquements relevés par la CEDC (Commission Ethique et déontologie du CAMES) – une commission réputée pour son impartialité de par sa composition- destitue moralement le professeur Dodji Kokoroko et ternisse l’image même de la présidence et partant de l’institution universitaire.

. « A travers le président, c’est toute l’institution qui est éclaboussée et affaiblie», explique un universitaire au Temps. «Je le vois mal en train de diriger l’institution », ajoute cet universitaire.

Les faits pour lesquels Dodji Kokoroko et ses « comparses » ont été épinglés s’inscrivent dans les mauvaises  habitudes que vivent les universités africaines à travers le CAMES. Mais le professeur Kokoroko et ses amis ont « trempé un peu trop longtemps la main dans le pot de confiture ». A la longue, leurs pratiques finissent par ressembler à une mise en place d’un « réseau » destiné à paralyser et impacter  de façon durable le fonctionnement du système universitaire, déclare un enseignant au Temps.

En sus du discrédit du président, l’Université de Lomé pourrait aussi pâtir sur le plan fonctionnel de la mise en quarantaine de Dodji Kokoroko. De façon pratique, l’Université de Lomé ne pourra plus collaborer avec le CAMES.

Quelles sont les activités du CAMES desquelles le professeur Kokoroko est exclu ?

Pour comprendre la situation, il faut remonter à la mission du CAMES. Selon son site, l’oaganisme panafricain a pour mission:

Grosso modo, le CAMES fonctionne selon  le principe de subsidiarité, et constitue donc l’autorité centrale chargée d’effectuer les tâches qui ne peuvent pas être réalisées par les universités nationales.  

En intégrant un tel système, l’Université de Lomé  se soumet de facto à une institution faîtière panafricaine chargée de la coordination et de la validation entre autres des grades universitaires de maître-assistant, de maître de conférences et des agrégations.

Le CAMES a plusieurs instances dont le Comité Consultatif Général (CCG). Le CCG examine et se prononce en premier ressort sur les rapports des différents programmes, les recours et les projets. Le CCG est surtout chargé de l’analyse des dossiers d’inscriptions sur les listes d’aptitude.  Siègent au CCG  les recteurs, les présidents d’Universités et Directeurs Nationaux de la Recherche.

En tant que président de l’Université de Lomé, le professeur Dodji Kokoroko est membre du CCG, duquel il vient d’être exclu pour une période de trois ans. Au vrai, cela signifie que pendant trois ans, l’Université de Lomé ne pourra pas siéger au CCG.L’institution ne pourra pas non plus envoyer les dossiers au CAMES, car ils sont censés porter le sceau du président. 

Sur le site de l’Université de Lomé, il est écrit que : «  [le président] est garant des franchises universitaires et délivre sous le sceau de l’Université, les grades et diplômes suivant les propositions des facultés, écoles et instituts. »

Selon nos informations, le vice-président n’est pas habileté à effectuer de telles démarches auprès du CAMES. Et le sceau du président est intuitu personæ.

Dans ces conditions, les jours de Dodji Kokoroko à la tête de l’Université de Lomé sont comptés, de même que son compère Adama Kpodar, vice-président de l’Université de Kara.

A propos Komi Dovlovi 1013 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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