Échéance 2020: l’opposition togolaise se cherche

Pour la C14, retrouver la ferveur des grandes manifestations contre le pouvoir du RPT-UNIR reste le plus grand défi

La décision du parti CAR de Me Agboyigbo de ne pas participer au prochain conclave projeté par la Coalition de l’opposition continue à alimenter les débats. Mais les vrais défis des adversaires du RPT-UNIR concernent plutôt leur capacité à former un front commun face au régime pour la présidentielle de 2019.

La rencontre annoncée entre les responsables de la C14 le 12 Février 2019 à Lomé est sans contexte un grand rendez-vous. Sans créer un engouement particulier au sein de la population, le rendez-vous ne suscite pas moins d’intérêt; tant il déterminera la survie et l’engagement ou non de ce regroupement dans le processus politique, après les législatives du 20 décembre. Tout en scrutant les décisions qui sortiront de la rencontre, l’opinion tout comme le pouvoir en place appréciera le niveau de cohésion du groupe, les actions futures et les ambitions des responsables des partis membres quant à l’élection présidentielle de l’année prochaine.

Défi n°1: Retrouver la ferveur populaire

Les grands rassemblements des militants et sympathisants de l’opposition dans les rues de Lomé et de l’intérieur du pays ne sont plus qu’un souvenir. Avant et après les législatives du 20 décembre, le public ne répondait plus aux mots d’ordre de manifestation de la C14. Il faut avouer que cette organisation n’avait plus de revendication claire depuis l’échec des discussions avec le pouvoir sous l’égide de la CEDEAO. Les observateurs s’accordent à reconnaître qu’il y a eu plusieurs « décisions hasardeuses ». En plus le groupe de partis politiques n’est resté ensemble que par défaut, les principaux leaders comme Jean-Pierre Frabre (ANC), Tikpi Atchadam (PNP), Brigitte Adjamagbo (CDPA) ou encore Yaovi Agboyigbo (CAR) n’ayant pas d’alternative en dehors du cercle de la C14.

Le conclave au-delà de permettre aux partenaires de décider des dispositions de réorganisation de la lutte politique va les amener à aborder une question qu’on a souvent fui dans la coalition: la question électorale. En effet la C14 qui subit durement le boycott involontaire des législatives ne peut plus ignorer les processus à l’horizon: les élections locales prévues cette année et surtout l’élection présidentielle de l’année 2020.

Défi n°2: Orientation pour 2020

On ne s’attend certainement pas à ce que les responsables de la C14 annoncent le nom d’un candidat commun pour la présidentielle. Mais ils ne peuvent pas ne pas décider de la marche à suivre pour y aller ensemble. Le boycott n’étant plus à l’ordre du jour, on verra ce que la coalition va décider de faire à présent qu’elle n’est plus représentée à l’Assemblée nationale.

Le nouveau parlement sous le contrôle d’UNIR va adopter les projets de révision constitutionnelle que le régime lui soumettra dans les prochains jours. En l’absence de cadre approprié la C14 ne peut plus faire de proposition dans le cadre de ces modifications qui pèseront à coup sûr sur la suite du processus.

En tout état de cause, et connaissant les personnes en présence, le recours à la rue pourrait rester l’option primordiale pour tenter d’arracher des concessions au régime. L’inconnue reste alors ce que ces opposants seront en mesure de faire pour mobiliser la population qui rechigne à sortir depuis quelques temps. La participation des forces de la diaspora aux nouvelles orientation est aussi un élément à ne pas perdre de vue.

Défi n°3: les capacités d’action communes

Remobiliser les forces démocratiques pour imposer le changement ou se résoudre à participer aux prochaines élection: la décision ne sera pas facile à prendre. On ne saura sans doute pas les priorités qui détermineront la démarche que la C14 suivrait, mais la stratégie d’action commune sera la valeur ajoutée qui peut faire changer les donnes. La C14 conserve un potentiel politique certain pour l’alternance au Togo en 2020. Cependant elle a des limites tout aussi évidentes pour lesquelles elle ne semble pas prête à trouver de solution durable: elles concernent les moyens financiers de l’action politique, mais avant tout les modalités d’organisation et de gestion du projet commun. Ces derniers mois, la C14 n’a pas été assez ouverte pour prendre en compte les critiques et propositions qui lui étaient faites. On verra si les engagements dans le cadre de la fameuse « nouvelle phase » de la lutte changeront les habitudes des meneurs de la coalition.

K. Agboglati

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