Jean-Pierre Fabre exige le départ immédiat de Faure Gnassingbe

Jean-Pierre Fabre, président national de l'ANC, chef de file de l'opposition.

Retour à la constitution de 1992, départ de Faure Gnassingbe, mise en place d’un gouvernement de Transition, vote de la diaspora,  déverrouillage des institutions, les objectifs et les résultats de la coalition au dialogue intertogolais ont été clairement indiqués par le Jean-Pierre Fabre  à l’ouverture du dialogue.

Un discours historique

Le discours a fuité ce matin et s’est répandu comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux. Manifestement la coalition de l’opposition fixait déjà l’opinion avant l’entrée des  invités dans la salle. Stratégie de communication pour faire monter les enchères ?

Le discours est clair, ferme, martial même. Historique.  Remontant aux fondements de l’histoire et de la politique togolaise, le chef de file de l’opposition situe le  « mal togolais » à l’assassinat du père de l’indépendance,  Sylvanus Olympio,  «un drame dont le peuple, dans sa grande majorité, ne s’est jamais remis jusqu’à ce jour.»

Depuis ce spécifique historique un 13 janvier 1963 et l’irruption de l’armée  dans l’espace politique, l’histoire du Togo se résumé à un «pouvoir fait de violations massives des droits de l’homme, de fraudes électorales, de pillage des ressources, d’assassinats politiques, d’arbitraire, d’injustice et de tribalisme.» «Un véritable régime de violence et de terreur», ajoute-t-il.

Jean-Pierre Fabre a rappelé les luttes incessantes du peuple togolais pour la liberté et la démocratie ; les acquis  de la Conférence nationale (Constitution  de 1992 et multipartisme) annihilés par la restauration militaire du dictateur Eyadema et la modification de constitutionnelle de novembre 2002, ainsi que les différents dialogues réduits à néant.

C’est donc à juste titre, selon lui, que «Depuis plusieurs mois, excédé par les atermoiements et les dilatoires ponctués de violences, orchestrés par les dirigeants de ce pays pour échapper à la mise en place de tels mécanismes, l’ensemble des populations togolaises se mobilise massivement, sur toute l’étendue du territoire national et à l’étranger, dans la diaspora, pour dire non à l’accaparement du pouvoir depuis 55 ans par une seule famille.».

Parlant au nom de la coalition, le chef de file de l’opposition  donne clairement les objectifs et les résultats attendus par l’opposition de ce dialogue qui  ne devrait pas être  un « recensement de recommandations » à « jeter aux oubliettes ».

Jean-Pierre Fabre: Faure Gnassingbe a exercé déjà plus de deux mandats

L’opposition en attend plutôt des « décisions exécutoires immédiatement ».  Les résultats attendus sont les suivants :

  • « Le départ de l’actuel chef de l’Etat qui a déjà exercé plus de deux mandats et la mise en place d’une transition politique encadrée par une Charte de la Transition ayant valeur constitutionnelle » ;
  • « La mise sur pied de structures législatives et exécutives de transition chargées de mettre en œuvre la révision du cadre électoral, y compris l’instauration du droit de vote pour les Togolais de l’étranger, le déverrouillage des Institutions de la République et l’organisation des élections législatives, locales et présidentielles totalement libres, transparentes et démocratiques. »

Se fondant sur la mobilisation populaire sans précédent, Jean-Pierre Fabre revendique la légitimité populaire qu’il oppose à la pseudo légalité de Faure Gnassingbé:

 » … ce peuple se reconnait dans ses nouveaux porte-paroles que sont les représentants des 14 partis politiques et les forces de la société civile qui ont structuré ses revendications et fourni des moyens pour que le peuple soit entendu sur toute l’étendue du territoire national et au-delà de nos frontières ».

Le leader de l’opposition dénie donc au régime en place de se fonder sur « une pseudo légalité » pour s’opposer à la volonté du peuple souverain:

«La légalité de la représentation nationale ou de chef de l’Etat peut n’être qu’une fiction juridique fabriquée à coups d’élections truquées, de fraudes massives, de listes électorales délibérément gonflées par-ci, délibérément minorées par-là, de privation du droit de vote pour des citoyens, notamment de la diaspora, sans compter des Institutions de contrôle de la régularité des élections aux ordres. »

Par conséquent, le pouvoir en place ne saurait se dérober aux exigences de la Coalition. Jean-Pierre Fabre cite en renfort la mise en garde du président nigérian au pouvoir togolais. « Les transitions politiques pacifiques ne sont plus négociables en Afrique de l’Ouest», at-il rappelé.

Recours à Dieu sans appel à la mobilisation du peuple

En conclusion, le chef de file de l’opposition annonce qu’il s’agit du dialogue de la « dernière chance » « qui doit tracer définitivement pour notre pays, les chemins de la paix, de la stabilité politique, du développement durable, de la rédemption. »

Il s’agit manifestement d’un discours historique, quasi parfait. Il est juste dommage que le chef de file ne soit pas donné les moyens  pour y arriver avec le peuple. Quand on tienne un discours d’une telle envergure, on sonne la mobilisation générale et on ne finit pas avec de plates bondieuseries du genre :

Chronique II Chapitre 7 verset 13 à 14 :

« Quand je fermerai le ciel et qu’il n’y aura point de pluie, quand j’ordonnerai aux sauterelles de consumer le pays, quand j’enverrai la peste parmi mon peuple, si mon peuple sur lequel mon nom est invoqué, s’humilie, prie et cherche ma face, et s’il se détourne de ses mauvaises voies, je l’exaucerai du haut des cieux, je lui pardonnerai ses péchés et je guérirai son pays ».

 

 

 

 

A propos Komi Dovlovi 1013 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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