RDC : Neuf officiels impliqués dans les violences au Kasaï sur une liste noire de l’Union Européenne

Evariste Boshab, vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur et de la sécurité publique jusqu'en décembre 2016

Des responsables politiques et hauts-fonctionnaires impliqués dans les violences dans les trois provinces du Kasaï sont blacklistés par l’Union Européenne.

Interdiction de visas Schengen, gel des biens et avoirs dans l’Union Européenne : voici les sanctions qui frapperont dès le 19 juin prochain neuf personnalités politique et fonctionnaires haut placés de la RDC. Ils sont  coupables aux yeux des Européens de violations graves et répétées des droits humains, de recours excessif à la force, et par leur parole et leurs actions, de sabotage systématique de toute tentative de décrispation, dans les trois provinces du Kasaï (Congo oriental).

Parmi les personnalités épinglées, sept sont des proches du régime Joseph Kabila, et elles s’ajoutent à une autre liste de responsables politiques et hauts-fonctionnaires portés sur la liste noire de l’UE pour les mêmes motifs.

Dans cette blacklist, il y a d’abord en tête de liste Evariste Boshab, vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique jusqu’en décembre 2016.  Ou Clément Kanku dont d’importantes informations et un élément audio ont montré qu’il entretient  formellement des milices responsables des violences.

Ensuite, Ramazani Shadary, actuel ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, responsable à ce titre de l’usage disproportionné de la force dans le Kasaï, selon l’UE. Puis le ministre de l’Information Lambert Mende, le Joseph Goebbels de  Joseph Kabila, le fourrier de la politique répressive voire génocidaire de ceux qui prétendent gouverner la RDC.

Enfin, Kalev Mutond, le redouté directeur de l’Agence nationale de renseignement, qui joue un rôle central dans la répression. Ces individus pourraient être traduits devant la Cour Pénale Internationale.

Le silence coupable de l’Union Africaine

La RDC est en proie à une instabilité chronique : un cycle de violences interethniques et de représailles génocidaires depuis le départ en 1997 de l’ex-dictateur Mobutu à l’issue de la rébellion menée par l’Alliance des forces pour la libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila, père de Joseph.

Coopté au pouvoir en 2001, Joseph Kabila est le principal artisan du chaos régnant en RDC par son refus de quitter la présidence à l’issue de son deuxième mandat.

Par des travestissements de l’esprit des accords, la division de l’opposition et la corruption de certains dirigeants, Kabila se scotche au pouvoir par le fameux jeu machiavélique du diviser pour régner.

La RDC va inexorablement vers la guerre civile malgré la volonté de nombreux acteurs d’arriver à pacifier le plus grand Etat d’Afrique, dont le sous-sol suscite la convoitise de nombreux prédateurs.

Contrairement à l’Union Européenne dont la voix reste forte dans cette région pour apaiser un jeu politique mortifère, l’Union Africaine garde un silence sépulcral face aux graves violations répétées des droits humains, à la guerre civile qui se déploie sous ses yeux. Pourtant, l’UA sera la première à crier à un complot international et raciste quand il s’agira de traduire devant la CPI les responsables cités dans ces massacres dans le Kasaï.

L’Union Africaine est le principal soutien du régime actuel. A son instigation, le médiateur togolais Edem Kojo a échoué dans sa mission de ramener la classe politique à une entente sur le départ de Kabila. L’accord permet par ailleurs à Joseph Kabila de rester dans le jeu politique grâce à  un pourrissement de la situation.

Selon Le Monde, le président Jacob Zuma dont la famille et des amis ont des intérêts en RDC est l’aiguillon du soutien africain au régime de Joseph Kabila. Il en est de même de plusieurs responsables africains pour qui ce pays est un filon à s’enrichir.

Pourtant, l’histoire l’aura démontré que la RDC constitue une poudrière pour la Région des Grands Lacs, qui résonnent encore des génocides ayant marqué la fin du 20ème et le début du 21ème siècle africain.

En dernière analyse, l’Afrique n’est que malade de ses dirigeants.

 

 

 

 

 

A propos Komi Dovlovi 1013 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

Laisser un commentaire

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*