Veille Economique: Le Togo a des problèmes de gestion de finance publique

Thomas Dodji Nettey Koumou, président de l'association Veille économique

Sur un  forum togolais, le président de Veille Economique affirme que vu son niveau d’endettement, le Togo est un pays en quasi faillite malgré ses atouts.

Association créée en 2015, Veille économique intervient régulièrement dans le débat sur les politiques de développement du Togo. Ce matin, son président, Thomas Dodji Nettey Koumou, publie une petite tribune portant sur un accord de financement signé entre le Togo et le Fonds monétaire international dans le cadre d’un programme de Facilité Elargie de Crédit (FEC).

Le Togo a signé le 5 mai dernier, un accord triennal portant sur un prêt de 176,16  millions de DTS (Droit des tirages spéciaux) soit 241,5 millions $. Sur ce prêt tiré en monnaie du FMI,  25,17 millions de DTS 34,5 millions $US  seront immédiatement débloqués pour le gouvernement togolais.

Pour  M. Thomas Dodji Nettey Koumou, l’obtention de ce crédit est la preuve que le Togo a des problèmes de gestion.

« Il faut d’abord comprendre qu’un pays n’a recours au FMI que lorsqu’il a des problèmes de gestion de finance publique. C’est encore plus vrai lorsque vous êtes obligés de passer par le programme de Facilité Elargie de Crédit (FEC) », écrit-il.

Avec cet accord, le FmI oblige le Togo à faire des politiques d’ajustement, c’est-à-dire enfin « d’améliorer notre solde budgétaire par la réduction des dépenses et l’amélioration des recettes notamment fiscales. Pour faire simple, il y a de la douleur devant », ajoute-t-il.

Le Fmi pointe le niveau d’endettement du Togo ces dernières années, surtout depuis l’arrivée de Faure Gnassingbé et sa politique d’investissement dans des infrastructures de transports (routes et aéroport). Ainsi le niveau d’endettement est passé de 48,6% du PIB en 2011 à 80,8% du PIB en 2016 et atteindra  un pic de 81,3% du PIB à la fin de 2017.

«  Je suis en train de vous parler de la dette que vos enfants vont payer, puisque les gouvernants eux ils sont riches ainsi que leurs enfants et ceux de nos compatriotes qui les défendent nuit et jour », s’alarme le dirigeant de Veille économique.

Quand le Togo emprunte pour payer les salaires

Pour étayer son argumentaire sur le surendettement délétère au le pays, le président de Veille économique affirme que « si le Togo était un bien, s’il est vendu aujourd’hui, 80% de l’argent récolté servira à rembourser les créanciers. »

Avant d’ajouter :  «Nous avons au stade actuel un PIB qui est estimé au mieux à 2 800 milliards de FCFA. 80,8% de 2 800 milliards font 2 262 milliards de FCFA. Voilà ce que vous et moi avons comme dette à rembourser. Il parait qu’on a construit des routes avec cet argent. Lorsque vous avez la chance de visiter les pays tels que la Cote d’Ivoire, vous savez ce qu’on appelle route. La durée de vie des routes dans notre pays ne dépasse pas la maturité de la dette qui a servi à construire la route ».

Alors que l’UEMOA dans ses critères de convergence a fixé un endettement ne dépassant pas 70% du PIB, le Togo a explosé ce plafond à cause de l’objectif du gouvernement de financer un développement tiré par celui des infrastructures économiques. Une vue en trompe-l’oeil car la politique de financement des travaux qui est une stratégie de préfinancement peu transparente, plombée par la corruption.

L’encours de la dette publique à fin décembre 2015 est évalué à 1385 Mds de FCFA contre 1167 Mds de FCFA à fin décembre 2014, en hausse de 18,69%. Il est passé à plus de 1500 milliards CFA.

Les principaux créanciers de cette nouvelle  dette extérieure sont la Chine (principalement à travers l’Eximbank), la BOAD, la BID, et les fonds Koweïtiens. En termes de créances bilatérales, les pays dits du Club de Paris sont désormais négligeables dans l’encours de la dette extérieure.

La situation économique du Togo ne fait que s’aggraver au fil des années. De source proche du ministère des finances, le pays emprunte depuis des années pour payer les salaires. C’est dire que la situation n’a guère changé depuis les années 1980 qui ont vu la France faire des appuis budgétaires pour aider Eyadema à payer les salaires des fonctionnaires.

 

A propos Komi Dovlovi 1013 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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