Jean-Pierre Fabre accuse le président de la HAAC d’être illégitime

Dans un courrier adressé à Pitang Tchalla, président de la Haac, Jean-Pierre Fabre l’accuse de faiblesse et d’illégitimité pour diriger cette institution.

Une lettre à la hussarde. Jean-Pierre Fabre n’y est pas allé de main morte dans un courrier bien senti adressé au Président de la Haac.  Des coups que Pitang Tchalla, l’ancien ministre de la communication, aujourd’hui président de la Haac reçoit en pleine bouille en deux temps trois mouvements.

Premier temps.  Jean-Pierre Fabre le dévalorise Pitang Tchalla: »

En prétendant transmettre notre requête au Ministère de la Communication « pour des dispositions à prendre », vous avez fui vos responsabilités et refusé d’accomplir votre mission. Vous vous êtes rendu complice de la violation de nos droits », accuse le leader de l’ANC.

Deuxième temps : Le président de l’ANC délégitime Pitang Tchalla, l’accusant  en filigrane d’être à ce poste pour militantisme politique.

Votre attitude illustre parfaitement le fonctionnement calamiteux de toutes les institutions de notre pays qui, créées pour protéger le citoyen contre les dérives des pouvoirs publics, se rendent allègrement complices de ces dérives au lieu de les empêcher ou d’y mettre fin.
Le constat déplorable est que les hommes et les femmes, qui dirigent ces institutions, sont, en raison notamment de leur appartenance politique et des conditions de leur nomination, des obligés du système RPT/UNIR, incapables d’assumer et d’exercer leur indépendance à l’égard des pouvoirs publics qu’ils s’emploient à défendre à tout prix, écrit le président-national de l’ANC.

Une charge lourde. Le président de la HAAC est souvent dans le collimateur de la presse privée et bien entendu de l’opposition, mais c’est la première fois qu’un homme politique s’en prend aussi durement au chef de l’institution voire de l’institution elle-même, soupçonnée ouvertement d’être à la solde du pouvoir.

De quoi s’agit-il ?

La réaction de l’ANC fait suite à une lettre de Mme Awa Nana-Daboya, présidente du HCRRUN adressée au Président de l’ANC et publiée par voie de presse, en avril,  dans le quotidien national Togo-Presse. Le directeur de publication de Togo-Presse dénie à l’ANC le droit de publier un droit de réponse, un droit qui est une particularité de la presse francophone.

Jean-Pierre Fabre demande alorsl’intervention de la HAAC.  Contre toute attente, e président de la Haac à travers son vice-président, Octave Olympio, informe le président de l’ANC avoir transmis sa demande au ministre de la Communication et de la formation civique ! Ce renvoi de la patate chaude au ministre du gouvernement reste tout de même une énormissime surprise. La HAAC est une institution émanant de la Constitution et à ce titre indépendante du Gouvernement.  Comme le stipule l’article 130 de la Constitution togolaise:
La Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication a pour mission de garantir et d’assurer la liberté et la protection de la presse et des autres moyens de communication de masse.
Elle veille au respect de la déontologie en matière d’information, de communication et à l’accès équitable des partis politiques et des associations aux moyens officiels d’information et de communication.

Si le président Pitang Tchalla ignore l’importance et le rôle de la HAAC et partant la valeur de la personne qui la dirige, il n’en demeure pas moins qu’en temps qu’ancien journaliste, il n’ignore pas que le droit de réponse est un principe incontournable dans la presse francophone.

Le droit de réponse est une particularité du droit de la presse car c’est la loi qui prévoit que dans le cas où un lecteur est insatisfait d’un article celui-ci puisse demander au journal une rectification ou une réponse, selon le droit français que nous copions allègrement sans le respecter.

Monopole du pouvoir des médias d’Etat 

Et ici, la déontologie recommande exige de Togo-Presse que le droit de réponse de l’ANC soit publié et surtout à la même page que fut publiée la lettre de Mme Awa Nana-Daboya.

Evidemment, ces petites choses illustrent le régime de liberté d’expression apparente dans lequel vivent les partis politiques dont l’exercice s’en trouve limité voir interdit. Le parti au pouvoir a fait main basse sur les médias d’Etat qui sont devenus son porte-voix. L’opposition n’a pas accès aux médias d’Etat et cyniquement le pouvoir renvoie les partis politiques d’opposition vers les médias privés, dont l’audience est très limitée notamment à cause du déficit des moyens techniques et financiers.

A propos Komi Dovlovi 1013 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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