Togo: Le pasteur homophobe appelle à une loi anti-homosexuelle

Dans un communiqué plein de virulences à l’égard des homosexuels, le pasteur Edoh Komi, dirigeant du Mouvement Martin Luther King, appelle l’Etat togolais a voté une loi anti-homosexuelle.

Le pasteur Komi Edoh a encore frappé. Dans son libelle, il félicite d’abord le gouvernement togolais pour son « refus catégorique  à l’adhésion des pratiques homosexuelles » lors de son passage à l’évaluation périodique universelle (EPU) des droits de l’homme, fin octobre dernier à Génève.

Elucubrations homophobes 

Le dirigeant du MML demande ensuite le vote par le parlement togolais d’une loi contre l’homosexualité considérée comme une «déviance sociale».

Selon le pasteur Edoh Komi, l’Afrique et le Togo sont « visiblement » confrontés à l’homosexualité qui « se propage à une allure vertigineuse ». Il considère l’homosexualité comme contraire à nos valeurs et surtout au plan de Dieu, et constitue, « un fléau », « une tare, une perversité de la société moderne qui mérite d’être combattue et réprimée de la manière la plus rigoureuse possible. »

En conclusion, le MML demande qu’on [agisse] « la dignité humaine et il faut agir dès maintenant pour que le mal ne se propage et n’embrase notre société et dont les conséquences seront tragiques et indescriptibles ».

Résistance et loi anti-gay

Il invite à « résister sans indulgence ni pitié » et demande à l’Assemblée nationale de voter une loi anti-homosexualité pour « réprimer et condamner les individus qui se livrent à cette immoralité sexuelle mais aussi tous ceux qui favoriseraient l’acte pour des fins lucratives et pécuniaires. »

Le Togo dispose déjà d’une législation réprimant l’homosexualité. Le nouveau code pénal prévoit en son article  article 88 une peine d’emprisonnement d’un à trois ans et d’une amende de 100 000 à 500 000 francs quiconque aura commis un « acte impudique » ou « contre nature » avec un individu de son sexe.

Appel dangereux dans une dictature

Cet appel du pasteur est un précédent dangereux dans un pays qui demeure une dictature de près de 50 ans où les opposants sont envoyés en prison sous n’importe quel prétexte. A l’absence d’une justice indépendante, une loi privative de la liberté sexuelle serait opportunément exploitée par le régime en place pour opprimer et embastiller son opposition. 

Ce n’est pas la première fois que ce pasteur fait des déclarations incendiaires et notoirement homophobes se basant sur une morale chrétienne alors que la population est à majorité animiste. Son avant-dernière sortie est une invitation au renvoi des élèves pratiquant le piercing, sous prétexte que cette pratique serait contraire à nos valeurs.

Dans la réalité, le piercing est une pratique corporelle fortement ancrée dans les valeurs de certaines populations du Nord Togo, lesquelles pratiques sont aujourd’hui en recul du fait du christianisme qui a apporté la notion de la honte du corps.

Selon des chiffres officieux, le Togo compte plus de 40 mille homosexuels (chiffre proche d’un Mouvement LGBT). Ils sont souvent victimes d’abus, de violences et d’intolérance.

A propos Komi Dovlovi 1021 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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