Environnement: Des gardes forestiers incendient des habitations dans l’Oti

Des gardes forestiers ont incendié  le 23 mai dernier des habitations à Nassikou et N’Gambi , deux villages de la préfecture  de l’Oti.  Cette information est donnée par l’Association des intellectuels togolais pour une Afrique éveillée (Aitae). Des événements qui rappellent à la mémoire des Togolais la douloureuse politique environnementale du général Gnassingbé Eyadema qui préconisait la protection des animaux au détriment des populations rurales.

Ces incidents interviennent dans le cadre d’une redynamisation de la politique d’extension et de protection de la faune.  Et les incidents nommés devraient certainement intervenir lors d’une opération d’extension ou il pourrait également s’agir d’une expédition punitive contre des habitants pris pour des braconniers. Le gouvernement togolais entend étendre la faune de la réserve de l’Oti-Mandouri estimée à 147.840 hectares, dont ¾ pour la préfecture de l’Oti et le reste pour la préfecture du Kpendjal. 37.840 hectares ont été déclassés suite aux envahissements par les riverains pour des raisons économiques. Essentiellement rurale, la population de la zone vit de l’agriculture où on constate un déficit de terres fertiles. La réserve de l’Oti-Mandouri empiète sur les surfaces cultivables.

Poisson Oti Faune de l'oti

L’incident qui s’est produit le 23 mai risque de se reproduire dans les semaines suivantes. Car l’extension de la faune Oti-Mandouri suscite des mécontentements dans les deux préfectures, surtout dans la Kpendjal où les populations essaient de se regrouper en association pour défendre leurs intérêts.

Pour le moment aucune réaction officielle en ce qui concerne ces incidents qui rappellent les sombres heures des années  1970-1980 marquées particulièrement par une implacable politique de protection de la faune au détriment des populations. Le slogan « Protégeons les animaux ; ils ont droit à la vie », rythmait le quotidien de cette époque pour les populations riveraines.  Une politique décriée pour son coût humain, surtout de nombreuses violations des droits de l’homme.

Le coût humain des diverses opérations d’extension des zones protégées, a lui aussi été très important. En 1981, à la suite de la mise en réserve de toute la vallée de l’Oti en 1981, un témoignage publié ‘par Le Monde relate les faits suivants :

Au début de la saison des pluies, quand les cases sont tout juste reconstruites et recouvertes, quand les champs sont prêts pour les prochaines semailles, on procède à l’expulsion pure et simple, sans délai de milliers de petits paysans; sans indemnité sans aide et, de plus, sans le moindre plan d’évacuation, sans orientation vers un nouveau territoire. (…) cases brûlées, greniers détruits,  à coup de hache par les paras, quand on n’allait pas assez vite pour les enlever.

La Conférence nationale de 1991 a montré l’horreur de toute cette politique. On ose croire que l’histoire n’est pas en train de se répéter.

A propos Komi Dovlovi 1013 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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