Le travail des experts de l’OIF validé par les candidats participationnistes à la présidentielle 2015

Siaka Sangaré, général malien, chef de la mission des experts de l'OIF
Siaka Sangaré, général malien, chef de la mission des experts de l'OIF
Siaka Sangaré, général malien, chef de la mission des experts de l’OIF

Les partis participationnistes semblent s’être entendus avec le gouvernement pour enterrer la question du fichier électoral pour aller rapidement en campagne. Mais la question du fichier électoral n’est pas pour autant réglée. D’autres problèmes restent en suspens, à l’instar du logiciel de transmission des résultats que réfute l’opposition, et le bulletin de vote contesté par le candidat du CAP 2015.

Il n’y a plus désormais aucun suspens dans le feuilleton électoral : le scrutin aura bel et bien lieu ce 25 avril, la campagne électorale démarrera sans coup férir ce vendredi.

L’espoir attendu du rapport de l’OIF dont des informations filtrées des Etats-majors des partis de l’opposition disaient  qu’il recommanderait l’annulation du scrutin, a vite tourné à l’avantage du pouvoir. Les partis de l’opposition et le parti au pouvoir se sont accordés pour participer au scrutin présidentiel dans les conditions que le public togolais ignore pour le moment.

Alors que les experts de l’OIF devraient rendre leur rapport ce 7 avril au cours d’une conférence de presse, c’est finalement au Comité de suivi du processus électoral réuni  à la Primature hier matin que le contenu dudit rapport a été présenté.

A en croire le président de la CENI, M. Taffa Tabiou, les représentants des 5 candidats (ANC, ADDI, MCD, NET et UNIR) ont validé « les opérations de nettoyage effectués par les experts de la Céni et ceux de l’OIF

Selon le président de la CENI, le corps électoral est constitué de 3.590258 électeurs, qu’on aura à répartir  dans 4112 centres de vote et 8994 bureaux de vote. Selon le même président, les représentants des candidats ont même validé  SUCCES, le controversé logiciel de transmission des résultats  dénoncé par le candidat du CAP 2015, Jean-Pierre Fabre, comme un moyen de fraude mis en place par le pouvoir.

Difficile de savoir pour l’instant le contenu de ce rapport, les experts de l’OIF- qui ne sont plus finalement partis lundi dernier, organisent une conférence de presse dans les locaux de la CENI ce mercredi à 10 heures.

La représentante du CAP 2015, Mme Brigitte Adjamagbo a reconnu la qualité du travail de l’OIF tout en déplorant que plus de 75% du fichier  soit constitué de personnes inscrites sur la base de témoignages.

Quand on regarde la structure des sources de justification pour les élections, on se rend compte que 75% des électeurs sont inscrites sur la base de témoignages; a déclaré Mme Brigitte Adjamagbo à l’issue de la réunion du Comité de Suivi.

 

Controverse sur le logiciel de transmission

Il n’y a tout de même pas unanimisme entre le pouvoir et l’opposition. Des points de divergence sont nombreux, surtout une grande controverse sur le logiciel de transmission continue, a relevé Mme Brigitte Adjamagbo.

Nous ne voulons pas de ce SUCCES. Pour nous, c’est l’équivalent d’un échec, a-t-elle ironisé, un mode de transmission, de centralisation, susceptible de conduire à des élections contestées. S’il y a un candidat dans la course intéressée par ce SUCCES, qu’il le prenne à titre privé !

Le CAP 2015 met également en cause le bulletin de vote dont il souhaite la révocation.

Alleluia, merci à l’OIF !

La publication du rapport de l’OIF ce mardi, soit une semaine jour pour jour après le premier rendez-vous, laisse planer quelques doutes quant à la fiabilité du travail des experts. Pourquoi l’OIF a-t-il entendu si longtemps avant de publier le rapport ? Un article sur le site officiel du gouvernement traduit la joie du pouvoir d’avoir réussi à arracher l’accord des candidats participationnistes en ce qui concerne le  travail des experts sur le fichier électoral controversé. Alleluia, tout le monde est d’accord !, titrait www.republicoftogo.com, illustrant à la fois la nervosité et le soulagement des partisans de Faure Gnassingbé qui craignaient une annulation du scrutin.

Selon  Taffa Tabiou, les experts n’auraient trouvé que 10.000 doublons  alors que les techniciens du CAP 2015 ont trouvé 30.000 doublons. Quant à Alberto Olympio du Parti des Togolais, un grand expert en informatique de réputation mondiale, spécialisé dans l’audit des fichiers,  il a fait une estimation de 17 à 26% de doublons sur le fichier 2015 en partant de celui de 2013 dont les doublons sont estimés à plus de 250.000.  Candidat du Parti des Togolais, M. Alberto Olympio avait réclamé l’annulation du scrutin, le temps de faire l’audit du fichier électoral.

Comment comprendre alors que les experts de l’OIF arrivés à la demande du Gouvernement pour faire une consolidation du fichier électoral, n’aient pas pu déceler toutes les tares et anomalies constatées par le CAP 2015 et le Parti des Togolais ?

L’état de corruption du fichier était tellement colossal que le candidat Jean-Pierre Fabre a porté plainte devant un tribunal de commerce à Bruxelles contre ZETES, la société informatique belge fournisseur du logiciel d’enrôlement  » pour faux en informatique et usage de faux ».

Selon certaines sources, le Gouvernement, qui a déjà renvoyé un expert électoral de l’Union Européenne, Jerôme  Leyraud, aurait fait pression sur l’OIF pour obtenir à tout prix un rapport à lui favorable. Le Gouvernement considérait l’expert de l’Union Européenne comme épousant trop les thèses de l’opposition sur le fichier électoral.

Que doit faire l’opposition ?

Reste que la balle est dans le camp de l’opposition. Les participationnistes vont-ils accepter participer au scrutin dans les conditions actuelles ou vont-ils demander l’annulation du scrutin pour reprendre le processus à zéro ? Car l’enrôlement de 75% des électeurs sur témoignage constitue tout de même une source confligène quand on imagine le nombre de mineurs susceptibles de voter. Le bons sens voudrait que tous les Togolais en âge de voter disposent de leurs cartes d’électeur.

Alberto Olympio, le président du Parti des Togolais, qui a décelé plus de 250.000 doublons peut-il communiquer  sa liste aux candidats participationnistes en vue de contester le travail de l’OIF?

Il ne reste que 48 heures avant le démarrage de la campagne présidentielle. L’opposition a très peu de temps pour réagir, mais il n’est pas encore trop tard.

A propos Komi Dovlovi 1013 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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