Ebola : La Banque mondiale prévoit des milliards de perte pour les économies ouest-africaines en 2015

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Les conséquences de l’épidémie d’Ebola qui sévit dans trois pays d’Afrique de l’Ouest, seront encore plus dramatiques  que les pertes humaines enregistrées- 3439 morts dans les trois pays les plus touchés (Guinée, Liberia et Sierra Leone). Une étude de la Banque mondiale estime que les pertes économiques pourraient s’élever à 32,6 milliards de dollars US d’ici la fin de l’année 2015 si l’épidémie devrait s’étendre aux plus grandes économies de la région.

Compte tenu des difficultés à arrêter la progression de l’épidémie, et ne pouvant pas faire des prévisions sur l’extinction de l’épidémie ni son parcours ou sa progression, l’étude s’est basée sur deux scénarios. Dans le scénario « faible Ebola », l’hypothèse la plus optimiste possible, l’épidémie serait rapidement contenue dans les trois pays les plus touchés par le virus. Dans dans le scénario « fort Ebola », le scénario catastrophe, l’épidémie serait contenue plus lentement avec une contagion à l’ensemble de la région.

Et dans le cas du scénario catastrophe, les conséquences économiques d’Ebola pourraient impacter lourdement les économies de la Guinée, la Sierra-Leone et du Libéria.

Selon les analystes, sur le  court terme, c’est-à-dire fin décembre 2014, la Guinée aura perdu 130 millions dollars US, soit 2,5% du PIB. En cas d’ »Ebola faible », c’est-à-dire si l’épidémie est sensiblement maîtrisée, le pays perdrait 43 millions dollars, soit 0,71% de son PIB, contre 142 millions dollars (2,3% du PIB) en cas d’ »Ebola fort ».

Les conséquences sont encore plus gravissimes pour la Sierra-Leone et le Libéria, les plus lourdement touchés depuis l’apparition de l’épidémie à Gueckédou, en Guinée Forestière. Jusqu’en fin 2014, le Libéria perdra 3,4% de son PIB, soit 66 millions dollars. En cas de scénario optimiste, les pertes sont tout de même élevées 113 millions- l’épidémie étant toujours en phase de croissance dans ce second pays. Et en cas de scénario le plus alarmiste, le Libéria pourrait perdre jusqu’à 12% de son PIB, soit 224 millions dollars.

Le scénario est comparable pour la Sierra-Léone, 59 millions dollars en 2015 en cas d’Ebola faible et 439 millions dollars en cas d’ »Ebola fort », soit 8,9% du PIB.

En cas d’extension à toute l’Afrique de l’Ouest, les prévisions donnent le tournis : toute l’économie de la sous-région, qui a tout de même engrangé une croissance de 5 à 9%, prendrait un sérieux coup. Les pertes sont estimées à 25 milliards en cas de scénario catastrophiques.

Les hypothèses de la Banque mondiale aussi alarmiste soient-elles sont à prendre au sérieux, au regard de la désorganisation des structures sanitaires dans les pays d’Afrique de l’Ouest et surtout de la faiblesse de la réaction à l’échelle internationale.

Jim Yong Kim, le président du Groupe de la Banque mondiale a tiré la sonne d’alarme.   « la communauté internationale doit tirer dès maintenant les leçons des conséquences de la faiblesse des systèmes, institutions et équipements de santé publique dans de nombreux pays africains. Elle doit agir afin de contrer cette menace pour les citoyens de ces pays, mais aussi pour leurs partenaires commerciaux et le monde dans son ensemble. Des investissements continus dans les systèmes de santé auraient permis de réduire les coûts énormes de cette crise pour les pays concernés et le reste du monde. »

La réaction de la communauté internationale est jusqu’à présent quelque peu timide par rapport aux dégâts sur le terrain. Les efforts déployés sur le terrain pour soutenir les pays contaminés sont restés en deçà des possibilités. L’on a cru que les mesures de quarantaine suffisaient pour contenir l’épidémie. L’apparition de plusieurs cas aux Etats-Unis et en Espagne, démontre que même les systèmes sanitaires les plus sophistiqués ne sont pas hors d’atteinte d’un virus qui prend au piège l’humanité dans ses comportements les plus humains.

A propos Tony Feda 134 Articles
Journaliste indépendant. Ancien Fellow de l'Akademie Schloss Solitude (Stuttgart, Allemagne), Tony FEDA s’intéresse à la sociologie, la culture- ses domaines de prédilection sont la littérature et les arts de la scène du Togo. A travaillé pour plusieurs journaux dont Le Temps, Notre Librairie. www.culturessud.com. Depuis août 2018, s'inspirant de Robert Park et de Bourdieu, il entame sur son blog www.afrocites.wordpress.com des projets sur des thèmes concernant la ville.

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