Odé, village de pêche, s’ouvre désormais à l’élevage

PECHEURSLes habitants du village de Odé, à environ 30 km à l’Est d’Atakpamé, dans la préfecture de l’Ogou, paysans ou éleveurs par hasard, sont nés pêcheurs, dit-on. Hommes, femmes, enfants et familles entières en font l’activité principale et qui s’y déroule sur les douze mois de l’année. Ils tirent leurs revenus et pitance essentiellement des produits de la pêche. Ils ont la chance d’être nés près du lac Nangbéto et s’adonnaient à volonté à cette activité même avant la transformation de ce lac en barrage hydroélectrique il y a déjà plus de trois décennies.

Le poisson est de toutes gammes et alimente les villages environnants ainsi que les marchés de la préfecture. La pratique est devenue la principale activité des villages des environs et avec la démographie et la demande, le poisson commercialisé s’est amaigri à saisons d’intervalles, conséquence de sa sur-pêche ou de sa surexploitation puisqu’elle se déroulait, comme on l’a dit, sur toute l’année.

Depuis quelques années, face à la menace de la raréfaction et face à l’extinction de certaines espèces halieutiques et dans le souci de faciliter et permettre le repos biologique, le gouvernement a dû intervenir avec des mesures énergiques pour règlementer la pêcherie dans toutes les eaux du pays.

Sur le lac Nangbéto par exemple, il est imposé chaque année une période de suspension de trois mois d’activités de pêche allant du 15 Août au 15 novembre, période au cours de laquelle les professionnels de la pêche sont interdits d’accès aux lieux. Les eaux montent et les espèces se reproduisent. C’est aussi la période où des pratiques frauduleuses entre pêcheurs et agents de surveillance de l’interdiction s’installent et s’observent. Du poisson frais est allègrement acheminé et publiquement vendu sur le marché. C’est dire que même malgré les mesures, soient-elles coercitives, elles n’arriveraient pas à enrayer le phénomène. L’autorité locale n’a pu rien faire, elle-même étant accusée de tolérer et de protéger les fraudeurs. Les pêcheurs se sont mêlés aux manifestations du mois dernier à Atakpamé entre habitants de Nangbéto et de ses environs pour dénoncer publiquement les manquements aux droits humains liés à la non indemnisation des déplacés et aux harcèlements des pêcheurs.

Il s’avère donc d’opérer des alternatives et le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, interpellé, a procédé le 12 septembre dernier au don par l’administration des volailles géniteurs aux communautés de pêche de la localité de Odé. 53 personnes dont 26 femmes sur les 200 bénéficiaires recensés ont reçu chacun un kit composé de 5 poules, d’un coq géniteur, de 5 kg de provendes et d’un sachet de 250 g de complexe vitamine-acide aminé. En plus des kits d’élevage, ces pêcheurs, mareyeuses et femmes transformatrices ont reçu pour la construction des poulaillers améliorés, un équipement de 5 paquets de feuilles de tôles ondulées, un rouleau de fil de fer galvanisé, 14 kg de pointes, une mangeoire et un réservoir. Cette cérémonie se situe dans le cadre d’un plan de gestion des pêcheries du barrage de Nangbéto élaboré et adopté le 7 août 2013.

Le Ministre a appelé les bénéficiaires, à l’occasion, au respect des conseils des techniciens qui les accompagneront et a relevé la capacité de productivité élevée des géniteurs mis à leur disposition et leur capacité de couvaison avérée. Une sollicitation à allier élevage et pêche afin de renforcer le tissu économique au cours de la période d’interdiction de pêche.

A propos Colombo KPAKPABIA 1061 Articles
Colombo Kpakpabia est Directeur de publication du journal Le Temps. Il capitalise plus de 20 ans d'expérience dans la presse écrite et audiovisuelle. Colombo axe son travail sur la recherche et l'efficacité. Contact Email: colombock@gmail.com

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