Agbeyomé Kodjo s’invite au dialogue

Agbeyomé Kodjo, ancien Premier ministre, Président du parti Obuts
Agbeyomé Kodjo, ancien Premier ministre, Président du parti Obuts

Le Président d’OBUTS Messan Agbeyomé Kodjo a écrit au Premier ministre Ahoomey-Zunu pour participer à un dialogue « inclusif » sur les réformes institutionnelles et constitutionnelles, dans l’esprit de l’Accord politique global (APG) et des recommandations de la Commission Justice Vérité Réconciliation (CVJR). La classe politique et le Premier ministre devraient se retrouver ce 13 mars pour le début du dialogue.

L’esprit de dialogue devrait être viral . Il vient de s’emparer de l’ancien Premier ministre Agbeyomé Kodjo qui, dans un courrier adressé au Premier ministre Arthème Seleagondji Ahoomey-Zunu, donne son accord pour un dialogue pouvoir-opposition sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles.

Dans ce courrier, le Président d’Obuts demande un dialogue inclusif dans l’esprit des recommandations de l’APG et de la CVJR. Le dialogue devrait rassembler l’essentiel de l’échiquier politique.

A l’instigation du Chef de l’Etat, la classe politique devrait se retrouver en principe ce 13 mars autour du Premier ministre pour un début de dialogue sur les réformes en question. Et les principaux partis de l’opposition, du CST et de l’AEC, sont d’accord sur le principe. Seule la question du cadre des discussions, en dehors du parlement; pour l’opposition et au sein de l’Assemblée nationale, pour le pouvoir, divise la classe politique.

Le Président de la République veut des réformes débattues par les députés de l’Assemblée nationale, où son parti dispose d’une majorité écrasante tandis que l’opposition veut en réalité d’un dialogue politique pouvoir-opposition dont les termes des accords devront être validés par l’Assemblée nationale.

La lettre de l’ancien Premier ministre d’Eyadema n’est donc qu’une demi-surprise. Le Président d’Obuts, en froid avec ses ex-collègues du Collectif Sauvons le Togo (CST), a commencé à prôner, dès décembre 2013, une « démarche politique sur un paradigme nouveau« , celui de l’ouverture d’un dialogue avec le pouvoir.

« A nous leaders des forces de l’opposition républicaine en lutte pour l’alternance pacifique, je pense que le moment est enfin arrivé pour que courageusement et ensemble nous fondions dans la sincérité et la confiance retrouvée, notre démarche politique sur un paradigme nouveau. Cela suppose, une véritable ouverture à l’autre pour un dialogue politique franc et constructif », a déclaré le président d’OBUTS au cours d’un petit-déjeuner de presse.

Une position radicalement différente du passé pour un leader politique qui a longtemps prôné au sein du CST de bouter le régime hors du pouvoir par les manifestations de la rue.

Ancien baron du RPT ayant démissionné de manière fracassante du poste de Premier ministre, Agbeyomé Kodjo vit des relations tendues et heurtées avec le pouvoir de Faure Gnassingbé. Premier ministre d’Eyadema, il a démissionné avec panache en produisant un brûlot injurieux et démythifiant pour le général Eyadema et sa famille.

A son retour de son exil forcé de France, à la mort d’Eyadema, cet ancien apparatchik du RPT, qui se croyait dauphin du général Eyadema et successeur putatif, s’est taillé une posture d’opposant radical à Faure Gnassingbé.

En retour, le pouvoir n’a eu cesse de le  harceler après l’avoir embastillé un moment, pour des faits non reconnus par la justice.

Ostracisme des institutions de la République

Des harcèlements qui se traduisent surtout par un certain ostracisme et des discriminations que vit l’ancien Premier ministre et ancien Président de l’Assemblée nationale.

M. Agbeyomé Messan Kodjo est le seul à ne pas bénéficier par exemple des privilèges du statut juridictionnel des anciens Premiers ministres et des anciens présidents de l’Assemblée nationale.

Une loi organique détermine le statut des anciens Premiers ministres de la République, notamment en ce qui concerne leur rémunération et leur sécurité. Selon ce statut, les anciens premiers ministres bénéficient d’une garde rapprochée, d’un véhicule, et d’une rémunération, sans oublier leur rôle au sein des institutions de l’Etat.

Cette situation d’ostracisme des institutions de République pour l’ancien dirigeant pourrait peut-être expliquer sa radicalité politique. Les lui reconnaître devrait nécessairement amener un certain apaisement de l’ego d’un homme qui est avide de reconnaissance et a une réputation quelque peu sulfureuse.

 

 

A propos Komi Dovlovi 1013 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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