Présidentielle Togo 2020 : Plus de doute sur le retour de François Boko

L’homme reste discret, malgré tout ce qui se dit et s’écrit sur lui depuis des mois. Dans les milieux de l’opposition et de la diaspora togolaise, ceux qui cherchent une alternative face à l’impasse ne jurent que par lui. Des acteurs importants au sein de la société civile y font allusion comme « l’homme de la situation ». Au moment où les ponts semblent rompus entre le régime UNIR de Faure Gnassingbé et ses adversaires traditionnels, et alors que la présidentielle 2020 approche à grands pas, les faits et gestes de l’ancien ministre de l’intérieur sont scrutés. Cependant, l’intéressé n’a pas encore totalement exprimé ses intentions. Selon les informations réunies par la Rédaction Le Temps, cela ne saurait tarder encore plus longtemps.

Qui est François Boko ? 

Il est avant tout un Saint-Cyrien. François Boko a fait la célèbre École spéciale militaire de Saint-Cyr, l’institution militaire française d’enseignement supérieur fondée en 1802 par Napoléon Ier. C’est l’institution qui forme les officiers de l’armée de terre et des officiers de la gendarmerie de France et de quelques pays amis. Mais Boko n’est pas qu’un militaire : ilest également diplômé de l’école des avocats de Paris et docteur en science politique (Sorbonne).Il a été  ministre de l’intérieur du Togo de 2002 à 2005. On se rappelle encore sa démission en fracas à la veille de la présidentielle chaotique et son départ en exil, après voir dénoncé les massacres que le régime préparait contre la population…Depuis 14 ans, François Boko est consultant international pour l’Union Européenne et l’Agence Française de Développement (AFD) sur des missions justice et sécurité en Afrique. Il a offert son expertise à plusieurs gouvernements sur le continent depuis lors, à cheval entre Paris où il est avocat et l’Afrique qui reste pour ce Togolais un terrain de prédilection.

Boko, candidat en 2020 ?

Tout semble indiquer que l’homme s’y prépare. Même si ses fidèles ne veulent (pas encore) dévoiler les choses, quelques évènements de ces derniers mois ne laissent pas de doute sur ce que l’homme de Tchitchao pourrait se résoudre à faire.

En effet Boko a dépêché au Togo en juillet et en septembre 2018 des émissaires pour consulter la société civile, la classe politique, des personnalités indépendantes et les confessions religieuses sur les stratégies de sortie de crise et les perspectives d’une alternative face au statut quo dans le pays. Même si son nom n’a pas été souvent cité, il opère dans l’arrière-scène et ne finit pas d’élargir son réseau de soutiens.

Le Temps a appris que l’ancien ministre est en  discussions depuis quelques temps avec les diplomaties occidentales (Union Européenne, France, Allemagne, Etats Unis) qui en 2005 à la suite de sa démission, avaient facilité sa sortie du Togo en toute sécurité.

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Il a également effectué une tournée dans une dizaine de pays en Afrique de l’ouest et du centre, d’une part dans le cadre de ses missions de consultations, mais aussi pour dit-on, mieux cerner les défis dans son pays et y proposer des solutions durables.

François Boko est méthodique dans son approche de la politique. Selon les confidences d’un de ses proches qui a requis l’anonymat, trois équipes travaillent discrètement autour de François Boko, dans le but de préparer son entrée sur la scène politique. Une première équipe est basée à Dakar au Sénégal et s’occupe de sa communication et des ouvertures diplomatiques en Afrique de l’Ouest ; la deuxième à Paris est en charge de la rédaction du programme du futur candidat ; enfin une troisième équipe met en place au Togo le mouvement qui va bientôt porter sa candidature.

La longue marche du retour au pays natal

Sollicité par la communauté internationale et par certains acteurs de la société civile togolaise et de la diaspora qui voient en lui l’alternative de  sortie  de crise, l’ancien Ministre de l’Intérieur réfléchit et parfois fait même monter les enchères. Manifestement, Faure Gnassingbé verrait en lui la source de ses ennuis politiques. Lors de son premier mandat, l’héritier d’Eyadema aurait fait des offres à Boko qui les aurait déclinées…

Même ceux qui ne le portent pas dans leur cœur reconnaissent que l’homme a le profil du job de Chef d’Etat; et il le sait lui-même. A 54 ans, Boko « connait le Togo dans son intimité ». Il est à même de concilier les équations militaires, ethniques et  judiciaires qui hypothèquent l’alternance politique tant attendue par les Togolais.

Après les réformes, pensez-vous que Faure puisse encore être candidat?

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Acceptera-t-il toutefois de renoncer à son confort de technocrate international pour descendre dans l’arène politique et se mettre au service de son pays dans le cadre de la prochaine élection présidentielle en  2020 ? Les éléments dont dispose la Rédaction du Temps ne laissent plus de doute. Et l’entourage de Me Boko y croit dur comme fer. Il avait posé quelques conditions pour son retour au pays qui aujourd’hui ne constituent plus un obstacle. L’homme s’inscrit dans la rupture d’avec le RPT-UNIR ; et donc ce sont ses rapports avec les forces démocratiques qui détermineront la suite des choses. Là aussi ses proches estiment que « le terrain est déblayé ».

Le retour au pays de François Boko est imminent d’après nos sources. Les acteurs de la communauté internationale qu’il a consultés ne trouveraient pas d’inconvénient et auraient demandé au gouvernement de Lomé de prendre les dispositions pour la sécurité du citoyen togolais qui après 20 ans, pourrait bousculer le paysage politique et offrir au pays l’alternative pour le changement politique longtemps attendue. Ce qui est sûr, c’est que le retour de François Boko aura des répercussions partout, y compris au sein du clan au pouvoir.

Joséphine Bawa & K. Agboglati

A propos Joséphine Bawa 55 Articles
Responsable Desk politique et Afrique Joséphine Bawa capitalise 17 ans d'expérience en matière de communication et journalisme. Diplômée de Wit University (Johannesbrg, South Africa) elle a collaboré avec diverses agences de presse internationales dont AP, Reuters. Josephine dirige le desk politique de la Rédaction du journal Le Temps. Joséphine est également consultante auprès de plusieurs cabinets en Afrique et en Amérique du Nord.

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