Justice tchadienne : séquestrée à 14 ans, Hawariya n’y croit plus

Deux ans après l’affaire du viol de Zouhoura, la justice tchadienne peine à sanctionner les auteurs de violences envers les femmes. Un appel ce mercredi.

La jeune Hawariya, 16 ans aujourd’hui, attend le procès en appel de son époux, reconnu non coupable de l’avoir kinappée. « J’ai peur que (mon mari) Haroun Hissein me fasse du mal parce qu’il m’a menacée en pleine audience au palais de justice. La justice tchadienne ne peut rien faire contre lui parce qu’elle est corrompue », pense Hawariya Mahamat Abdoulaye, qui aura 17 ans en novembre.

La jeune fille, qui est retournée chez ses parents, ne va plus à l’école par crainte de représailles de l’homme avec lequel elle est encore mariée.

Saisie en 2016 par les parents de Hawariya pour enlèvement de mineure, la justice tchadienne a jugé Haroun Hissein non coupable en août 2017.

En avril 2016, Hawariya, alors âgée de 14 ans, a fui son époux qui l’avait enlevée près de la frontière tchado-soudanaise. Elle dit avoir été séquestrée et torturée pendant plus de quatre mois, hors de la vue de sa famille. Hawariya était promise à l’homme quinquagénaire depuis l’âge de 9 ans. Haroun Hissein avait déjà donné une dot à la famille de la jeune fille et aurait accepté d’attendre que Hawariya ait 18 ans pour se marier avec elle, selon le père de l’adolescente, Mahamat Abdoulaye.

« Mais il a voulu l’épouser alors qu’elle était âgée de 11 ans », se souvient M. Abdoulaye, qui dit avoir refusé de donner la main de sa fille avant sa majorité. « Il m’a convoqué puis emprisonné pour avoir refusé de lui livrer ma fille. Comme je n’étais pas en mesure de lui rembourser son argent de la dot, j’étais obligé de lui donner ma fille », témoigne le père éploré et qui a dû accepter ce « mariage par rapt »

Au Tchad, 68% des femmes sont mariées avant leur majorité, en moyenne vers 16 ans, selon les estimations de l’Unicef. N’Djamena a pourtant interdit le mariage des mineurs et le mariage forcé depuis 2015. Dans le même temps, les condamnations pour violences faites aux femmes ou mariage forcé restent rares.

Le Temps avec AFP

A propos Emilie ORONG 960 Articles
Emilie Orong est une passionnée de l'écriture. Elle a rejoint L'Equipe Le Temps en 2015. Couvre l'actualité nationale en tous genre et a un regard pointu sur l'actualité africaine.

Laisser un commentaire

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*