Gabon: Un millier d’arrestation parmi les opposants

Des milliers d’arrestations parmi les opposants et des commerces pillés. La répression est menée par la garde présidentielle, la gendarmerie, la police anti-émeute et des miliciens en armes.

Depuis hier soir, la présidentielle gabonaise tourne au massacre. On tue, on arrête les manifestants et les opposants, on pille. La garde présidentielle, la gendarmerie, la police et des miliciens à la solde de Bongo sont engagés dans une stratégie répressive depuis le début des  manifestations hier soir. D’après le ministre de l’intérieur, o compte plus d’un millier d’interpellations parmi l’opposition et ses sympathisants qui contestent la victoire du président Ali Bongo Ondimba de 49,85% sur l’ex-Président de la Commission de l’Union Africaine, Jean Ping.

Le quartier général de l’opposition a été attaqué à l’arme lourde avec des hélicoptères, et fouillé de « fond en comble » selon Jean Ping, le candidat officiellement battu. Il y aurait deux morts dans les rangs de l’opposition et de nombreux leaders pris au piège de l’attaque ont été arrêtés.

Bongo garant de la démocratie

Dans une courte allocution,  sa première depuis la proclamation des résultats le 31 août dernier, le président réélu dénonce les manifestations et s’érige en garant et protecteur de la démocratie contre le «groupuscule» qui veut prendre le pouvoir «pour se servir et non servir le Gabon ».

La démocratie s’accorde mal des succès autoproclamés, des groupuscules formés à la destruction. La démocratie s’accorde mal de la prise d’assaut d’un Parlement et de la télévision nationale.

 Les élections ont rendu leur verdict (…) Qui a perdu ? Un groupuscule dont le seul projet était de prendre le pouvoir pour se servir du Gabon et non servir le Gabon, déclare le Président Ali Bongo Ondimba, d’après des propos rapportés par notre Le Monde.

Le candidat Jean Ping, ancien ministre des Affaires étrangères, est intervenu ce matin sur RFI en demandant le recomptage des voix, seule solution pour ramener le calme. Il a avoué être incapable de demander l’apaisement à une population qui est visiblement victime de violentes répressions de la part des forces armées.

La communauté internationale appelle au recomptage des voix

Caché en « lieu sûr », le candidat Jean Ping n’entend pas faire des recours par les voies légales en déclarant son manque de confiance dans des institutions à la solde du pouvoir d’Ali Bongo. « La Cour constitutionnelle, tout comme la Cénap(la commission électorale), sont des instruments aux mains du pouvoir, ça ne change rien (…) Ils disent ce que le pouvoir leur dit de dire», a-t-il déclaré à RFI.

Condamnations tous azimuts des résultats et des violences post-électorales sur le plan international. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a ainsi qualifié jeudi la situation de « crise profonde ».

Il est important que tous les acteurs rejettent la violence et appellent au calme, écrit-elle dans un communiqué. Toute contestation doit se faire avec des moyens pacifiques afin d’éviter l’embrasement du pays.

La présidence française  a fait part également de «sa profonde inquiétude et de sa grande préoccupation ».  L’Elysée appelle «toutes les parties à la retenue et à l’apaisement, ce qui suppose un processus garantissant la transparence sur les résultats du scrutin ».

 « Les élections doivent refléter de manière crédible la volonté du peuple », a souligné le porte-parole du département d’Etat, John Kirby, appelant les forces de sécurité à respecter les droits des citoyens, et les manifestants à garder le calme.

Paradoxalement, seuls l’Union Africaine et les pays africains restent engoncés dans un silence sépulcral et une indifférence de marbre.

 

A propos Komi Dovlovi 1013 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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