Au Togo, une Cinquième République pour solder les réformes politiques

Le Président Faure Gnassingbé, en campagne en 2015

Il a fallu un simple atelier de réflexion organisé par le Haut Commissariat pour la Réconciliation et le Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN), l’organisme chargé par l’Etat d’œuvrer à la réconciliation entre les filles et fils du Togo, pour que reprenne au Togo le débat sur les réformes politiques. L’élément central des conclusions de cet atelier (d’experts) n’est rien que la volonté, habilement distillée, pour le régime en place d’adopter une nouvelle constitution, pour passer à la cinquième République.

Sur les réseaux sociaux togolais,  les discussions foisonnent. Elles concernent surtout l’opportunité ou non de l’organisation d’une consultation référendaire pour demander l’avis des Togolais sur le passage à la Vè République. Journalistes et citoyens passionnés y vont par leur art de la rhétorique pour essayer de décrypter cette nouvelle donne. La classe politique, comme sur beaucoup de questions de cette ampleur, est aphone. On réfléchit. Et à défaut de stratégie, on stagne…

C’est acté! le Togo passera bientôt à un nouveau régime. Dans les officines du pouvoir, la chose se travaille sérieusement. D’après nos informations, des experts internationaux de renom sont consultés. Le pouvoir se sent obligé d’accéder aux réformes politiques. Mais il veut le faire à sa manière et dans son intérêt, sans pression de l’opposition. Il y aura donc un référendum. La question à poser pour le moment ne compte guère. Mais ce sont les conséquences politiques de l’acte qui préoccupent. Un nouveau régime emporterait immanquablement que le compteur soit mis à zéro pour tous les protagonistes du futur scrutin présidentiel, y compris l’actuel chef de l’Etat Faure Gnassingbé. Un principe général de droit constitutionnel, soit dit!

A la veille de la présidentielle de 2015, l’opposition avait manqué d’imposer au gouvernement UNIR d’accéder à une révision qui devrait rétroagir pour s’appliquer au président en poste. Elle avait échoué.

Les « experts » associés à la démarche d’Awa Nana et du HCRRUN demandent à l’Assemblée nationale de faire les réformes ou à défaut de recourir au référendum. Il appartiendra donc au peuple de dire prochainement s’il est d’accord de passer à un nouveau régime ou pas. La réponse est connue d’avance. Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, si l’opposition politique bat campagne pour le « non », elle sera battue, régulièrement ou par la fraude, peu importe.

Or, pour avoir boycotté l’atelier du HCRRUN, cette opposition (le chef de file en l’occurrence) est sur une corde raide. La tentative par ADDI et ANC d’introduire à l’Assemblée une proposition de loi de réforme a connu un échec cuisant! Jean-Pierre Fabre saura-t-il rebondir pour entrer dans la logique de négociations politiques, seules capables de lui permettre d’obtenir un minimum de conditions pour la mise en place d’une nouvelle constitution? L’homme n’est pas adepte des méthodes conciliantes. Et pour son adversaire préféré Faure Gnassingbé, c’est du pain béni pour s’arroger un nouveau régime qui va lui garantir au moins dix nouvelles années à la tête du Togo. Au grand dam des partisans de l’alternance démocratique.

K. Agboglati (email: letempstogo@gmail.com).

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