Togo : Les 5 défis du troisième mandat de Faure Gnassingbé

Faure Gnassingbé: peut-il continuer à résister aux réformes démocratiques?

Le nouveau premier ministre nommé à la suite de la présidentielle du 25 Avril 2015 a formé son gouvernement. L’investiture du président annoncée (en grande pompe) n’a pas eu lieu, sans qu’une raison officielle en soit donnée. Des promesses innombrables ont été faites pendant la campagne électorale. Au-delà de la déclaration de politique générale présentée par Komi Klassou devant les députés, le régime est attendu sur des chantiers prioritaires qu’il ne saurait ignorer.

  1. Les réformes politiques

L’élection présidentielle s’est tenue alors que le régime n’a pas tenu les promesses et engagements pris dans le cadre des dialogues politiques passés avec l’opposition. Il s’agit notamment de réformes institutionnelles et normatives pour ancrer le pays dans un véritable système démocratique. Ce qui choque le plus les observateurs et les acteurs démocratiques dans le pays, c’est le scrutin présidentiel à un tour et le mandat présidentiel illimité.

Face à une opposition claudicante et à un pouvoir jusqu’au-boutiste, le processus politique au Togo a besoin d’être repensé sérieusement.

  1. La décentralisation et les élections locales

En dépit des discours, le régime UNIR a refusé jusqu’à présent d’organiser les élections communales. Les réformes administratives sont presque au point mort. Contrairement à tous ses voisins, le Togo reste un Etat unitaire fort, avec des collectivités territoriales sous la férule du pouvoir central. La décentralisation fait partie des attributions d’un des ministères du nouveau gouvernement. Normalement les élections devraient consacrer un processus de réformes administratives, impliquant les différents acteurs. Le parti au pouvoir semble avoir trainé dans ce processus parce qu’il n’était pas sûr de gagner ces élections. Mais l’état de délabrement de l’opposition actuelle semble le rassurer à avancer désormais. On s’attend à ce que des élections municipales soient annoncées dans les six prochains mois.

  1. Les Togolais de l’étranger

Le gouvernement n’a pas réussi à intégrer la diaspora dans le processus de développement national. Le fait que les communautés togolaises à l’étranger soient dominées par des personnalités acquises à l’opposition pourrait expliquer cet état de fait. Il y a eu lors du mandat passé des rencontres au pays et dans des missions envoyées par des officiels dans certains pays d’immigration des Togolais. Mais les projets entrepris (y compris ceux en partenariat avec les donateurs internationaux, dont la BAD et le PNUD) n’ont pas abouti.  La diaspora a des revendications parmi lesquelles le vote lors des consultations nationales (législatives et présidentielles). Quand on sait l’importance et la qualité dont regorge cette communauté, continuer à l’ignorer serait grave.

  1. L’assainissement de la gestion publique

Le Togo n’a pas bonne cote en matière de la bonne gouvernance et des libertés publiques. Des efforts importants devront être consentis, notamment en matière de lutte contre la corruption. Les ambitions du pays sur le plan des investissements extérieurs et de la coopération internationale obligent les dirigeants à passer de la parole aux actes.

  1. La réforme des forces de défense et de sécurité

Le pays est considéré comme un régime policier. L’armée est présente à toutes les échelles de la gestion publique. Elle est une des composantes au gouvernement dont le pays aurait bien pu se passer. De vieilles relations incestueuses existent entre les forces armées et le pouvoir politique. De plus le caractère tribal de l’armée nationale est regardé comme un des obstacles à l’alternance démocratique à la tête du pays. Des promesses avaient été faites pour la réforme du secteur de la sécurité, mais  elles sont restées vaines.

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Le troisième mandat de Faure Gnassingbé ne s’écoulera pas comme un fleuve tranquille. Les défis sont grands et les menaces d’instabilité sont réelles. Si le pouvoir ne prend pas l’initiative de s’ouvrir en entamant lui-même des réformes crédibles, les Togolais pourraient être amenés à trouver d’autres moyens de coercition dont les conséquences seraient dommageables à tous les égards.

K. Agboglati

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