L’ANC ne croit plus aux élections pour réaliser l’alternance

Un virage politique à 180° ou une lubie politique de plus ? Difficile à dire. Toujours est-il que l’ANC annonce un changement de stratégie. Ce parti ne compte plus sur les élections comme mode d’alternance au Togo. C’est ce qui vient annoncer de façon pessimiste voire désespérée, Edem Atantsi, son Secrétaire national aux affaires politiques.

Même un élève de CM2 dira que les élections ne servent plus pour l’alternance au Togo. C’est la voie légale certes, mais au vu des expériences, ce n’est plus la solution. Tant que c’est le pouvoir qui va organiser des élections dans ce pays, on ne pourra rien espérer, il faut penser autrement, déclare M. Atantsi sur une radio de Lomé.

Cette déclaration intervient après la défaite de Jean-Pierre Fabre, candidat de l’ANC et certains partis de l’opposition, à la dernière présidentielle. Jean-Pierre Fabre a revendiqué la victoire après avoir constaté le bourrage des urnes dans certaines commissions électorales locales indépendantes (CELI) du pays.

Cependant, en attendant, le Secrétaire national aux affaires politiques  de l’ANC ne lève pas le voile sur l’orviétan qui pourrait conduire à l’alternance. Le soulèvement populaire ou les armes ?

Lubie populiste

Dans une tribune parue dans le numéro 431 du bi-hebdomadaire L’Alternative du 12 juin, Kwasi Kombaté Néné, un dirigeant d’une association dénommée Nouvelle génération engagée (NGE), accusait à juste titre l’ANC d’aller aux élections dans l’espoir d’une révolte populaire pour que le pouvoir échoie dans ses mains.

Et le candidat du CAP 2015, Monsieur Jean-Pierre Fabre. Le voilà encore ; fidèle à lui-même, ressortir sa vieille recette usée : essayer de jeter le Peuple dans la rue. De plus en plus vainement. Plus personne n’est dupe. On ne peut toujours parier ainsi le sang des Togolais : envers et contre tous, aller à des élections qu’on sait truquées, en espérant qu’à la proclamation des « résultats », des révoltes populaires vous feront échoir le pouvoir. Et à défaut…, il resterait toujours le statut de chef de fil de l’Opposition ! Il faut en finir avec cet aventurisme politicien.

Cette déclaration de M. Atantsi n’est rien d’autre que la énième sortie populiste de l’ANC pour duper le peuple togolais. Plusieurs partis de l’opposition et certains leaders d’opinion avaient  attiré l’attention de l’ANC sur le danger  et l’inanité d’aller à la présidentielle sans les réformes constitutionnelles et institutionnelles  et le toilettage du fichier électoral vérolé à 75%. Ils ont même évoqué le risque de donner au pouvoir ce qu’il cherchait comme une source d’eau dans un désert: la légitimité. Mais le candidat du CAP 2015 a réussi à trouver un consensus avec le pouvoir sur ce fichier et a participé à cette élection. Les résultats officiels le donnent battus à 35% contre 58% pour le candidat du pouvoir alors que la Cour constitutionnelle et la CENI n’ont jamais éclairé les controverses sur les bourrages des urnes.

Au lendemain de la présidentielle, Jean-Pierre Fabre avait tenté de lancer les populations dans la rue pour réclamer son hypothétique victoire. En vain. Le taux d’abstention à la présidentielle était de près de 50%.

Alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour demander à l’ANC de démissionner du théâtre national, il faut croire que le parti de la démagogie et du populisme remet le turbo pour reprendre du poil de la bête.

A propos Komi Dovlovi 1013 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

Laisser un commentaire

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*