Sous la pression sociale, le gouvernement reporte la rentrée scolaire

Elèves en colère à Badou (Archives)
Elèves en colère à Badou (Archives)
Elèves en colère à Badou (Archives)

La crise sociale devient un casse-tête pour le gouvernement, qui mis sous pression tente une fuite en avant aux conséquences politiques encore inimaginables. A l’orée de la présidentielle du 25 avril, une date qui pourrait également faire l’effet d’un nouveau report, c’est tout l’appareil social et politique qui échappe à l’autorité de Faure Gnassingbé, dont le gouvernement manifeste évidemment une certaine nervosité.

Coup de théâtre dans l’éducation. A cinq jours de la rentrée scolaire prévue le 7 avril, le gouvernement annonce la prorogation des congés de pâques jusqu’au 3 mai 2015.

Le Gouvernement, après analyse de la situation qui prévaut actuellement et afin de réorganiser l’année scolaire dans de bonnes conditions et d’organiser l’élection présidentielle dans la sérénité, porte à la connaissance des enseignants, parents d’élèves et élèves que les congés de Pâques, qui courent du 27 mars 2015 au 07 avril 2015, sont prorogés jusqu’au 03 mai 2015, selon le communiqué du Gouvernement.

Les cours reprendront le 4 mai, indique le communiqué.

Crises sociale et politique graves

Les raisons de ce report de la rentrée sont purement d’ordre politique. L’argument de l’organisation de la présidentielle du 25 avril dans de bonnes conditions n’est pas qu’un prétexte. Ce report intervient à la veille d’une grande manifestation qu’organisent la Synergie des Travailleurs du Togo (STT) et le Front Tchoboé le 8 avril dans quatre grandes villes du Togo. Une marche sur fond social et politique à laquelle pourraient se joindre les élèves, les parents d’élèves. L’Administration publique, l’enseignement public et le système de santé public sont perturbés depuis plusieurs semaines par des grèves répétitives de la STT pour de meilleures conditions de travail, une augmentation conséquente des salaires surtout un relèvement de la grille indiciaire salariale. Les élèves sortent dans la rue pour réclamer soit la satisfaction des enseignants, soit la libération de certains syndicalistes enseignants arrêtés.   Des jacquesries couvent à l’intérieur du pays; la toute dernière est celle de Gléi, une petite ville non loin d’Atakpamé, 196 kms de Lomé, a entraîné l’intervention musclée et sauvage d’un détachement militaire du camp de Temedja. Une intervention soldée par l’arrestation de 19 personnes, enseignants et élèves actuellement détenus à la gendarmerie d’Atakpamé. Une situation explosive issue d’une crise sociale mal gérée par le Gouvernement et qui lui revient en pleine bouille comme un boomerang !

Quant au Front Tchoboé, un regroupement de partis politiques et d’associations des droits de l’homme, milite  activement pour l’annulation du scrutin présidentiel avant les réformes constitutionnelles et institutionnelles et l’audit du fichier électoral. Un front du boycott actif de plus en plus écouté au sein d’une opinion lasse de 50 années de direction du pays par une même famille, Gnassingbé et fils, et un clan.

Le pouvoir tente à l’évidence de déjouer la pression sociale à l’orée d’un scrutin qui s’annonce chaotique et délétère pour la réélection de Faure Gnassingbé. Une fébrilité manifeste qui dénote de l’état d’esprit du pouvoir frappé par de fortes inquiétudes de perdre le contrôle de l’action d’autant plus qu’en plus du report de la rentrée scolaire, c’est du nouveau report du scrutin censé se tenir le 25 avril qu’il pourrait s’agir… Ce qui donne l’image d’une escalade aux conséquences incalculables.

A propos Komi Dovlovi 1013 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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