Jean-Pierre Fabre ne veut pas entendre parler d’une candidature de Faure Gnassingbé

Jean-Pierre Fabre, Chef de file de l'opposition politique togolaise.

De retour d’une tournée européenne en début de semaine, Jean-Pierre Fabre, le président national de l’ANC est catégorique en ce qui concerne une éventuelle candidature de Faure Gnassingbé à la présidentielle 2015, dans le cadre d’un consensus entre l’opposition et le pouvoir sur la réforme constitutionnelle.  A l’heure où au sein de l’opposition et dans la société, on manœuvre pour une réforme consensuelle autour d’une possible candidature de Faure Gnassingbé, Jean-Pierre Fabre maintient la position officielle de son pays.

Interviewé par l’Agence de presse Savoir News, Jean-Pierre Fabre n’a laissé aucune porte ouverte au président dans le cadre d’un aménagement concerté de la constitution. A la question :

Est-ce que vous êtes prêt aujourd’hui à accepter une disposition transitoire, pouvant permettre au Président de la République de se représenter à la présidentielle 2015?

Jean pierre Fabre a répondu de la manière la plus ferme : « Non, non, non« 

Quand le journaliste s’amusait quelque peu à poser de nouveau la question :

Il ne faut pas s’amuser à poser des questions irrecevables.
D’abord, est-ce que le pouvoir en place est favorable à la limitation du mandat présidentiel ? Si oui, une fois cette disposition prise avant l’élection présidentielle, elle s’applique immédiatement.

Faure Gnassingbé arrivé au pouvoir en avril 2005 par les armes et dans le sang, suite à une élection controversée, effectue son deuxième mandat, qui prendra fin en 2015. La constitution actuelle ne limite pas le nombre de mandat présidentiel. Son gouvernement a introduit un projet de révision constitutionnelle qui empêche Faure Gnassingbé d’effectuer un 3ème mandat. Lequel projet a été rejeté par sa majorité au parlement ; un rejet jugé « ubuesque, dantesque », « une bouffonnerie » par Jean-Pierre Fabre.

Candidat à la présidentielle 2015 ?

Nullement découragé par le vote négatif UNIR- un vote positif avec une élection à deux tours donnerait plus de chance à l’opposition,  Jean-Pierre Fabre semble décidé à chasser Faure Gnassingbé en utilisant « parfaitement les moyens que la Constitution met à [sa] disposition« . Le leader de l’ANC et champion du CST est probablement candidat à la présidentielle, à l’heure où des négociations sont en cours avec la Coalition Arc-en-ciel pour décider des mesures et des moyens à mettre en œuvre pour aller battre le candidat du pouvoir à une élection- avec un mode de scrutin à tour- qui s’annonce périlleuse pour l’opposition. Dans les déclarations de Jean-Pierre Fabre, il est clair que l’ANC attend maintenir de manière « ferme » sa candidature.

Je suis membre d’un parti politique, en plus j’appartiens à un collectif d’associations et de partis politiques. J’attends. Je pense que j’ai ce qu’il faut pour être candidat. Mais comme je suis une personne de très grande humilité, j’attends d’avoir l’investiture de mon parti. Et compte tenu de la situation actuelle, nous  devons nous mobiliser pour un vaste rassemblement de l’opposition contre le pouvoir en place.
Pour le moment, ne mettons pas la charrue devant les bœufs, soyons sereins et travaillons. Et surtout faisons preuve de grande fermeté. Nous sommes des partis politiques, nous n’avons pas d’armes. Mais nous allons utiliser parfaitement les moyens que la constitution met à notre disposition.

A la recherche d’appui à l’étranger

Le Président de l’ANC a ensuite parlé de l’objet de son voyage à l’étranger, dans l’espace européen. A six ou huit mois de la présidentielle, Jean-Pierre Fabre n’a pas fait de mystère de sa recherche  de soutien ( ?), en tout cas de bonnes volontés pouvant faire des pressions sur le pouvoir. M. Fabre était en France et à Bruxelles.

(…) J’étais à Bruxelles et à Paris. J’ai été reçu au service d’action extérieure de la Commission de l’Union Européenne par M. Nicholas Wascott. Au Quai d’Orsay [Ministère des affaires étrangères français], j’ai été reçu par le Directeur Afrique Jean-Christophe Belliard et à l’Elysée [présidence de la République française] par Thomas Meliono, conseiller Afrique adjoint.

Mais  à y voir de près, ce ne sont pas les personnalités de premier plan que M. Fabre a rencontrées. Sa moisson est bien maigre. Car la rencontre avec un conseiller  de l’Elysée ou du Quai d’Orsay- il n’a même pas été reçu par Laurent Fabius !- ne signifie pas grand-chose sur le plan diplomatique. On connaît le rôle néfaste que jouent certains conseillers quand il s’agit de faire des rapports à leurs supérieurs hiérarchiques.

C’est dire si la visite de Jean-Pierre Fabre en France et à Bruxelles n’est qu’un coup d’épée dans l’eau. Un vrai échec.

Les dirigeants de l’opposition, en tout cas ceux qui ont la prétention de vouloir diriger ce pays, doivent avoir beaucoup plus d’ambitions et être un peu plus sérieux. Ce n’est un secret pour personne que le Togo est considéré comme un pays stable et l’actuel gouvernement en dépit de son caractère nuisible à la fois pour l’économie et la stabilité du pays, a la faveur de la communauté internationale. Le Togo n’est pas en proie à une guerre civile ; le pays n’est ni la Côte d’Ivoire ni le Mali, ni le Niger, pas plus que le Nigéria. Il faut beaucoup plus pour l’opposition pour convaincre la communauté internationale de la nécessité voire de l’impériosité du changement de système au Togo.

Dans ce cas, il est clair que les Togolais ne doivent rien attendre de la Communauté internationale. L’opposition doit trouver par elle-même la solution idoine en présentant une alternative crédible au pouvoir en place. En  2010, qui pouvait penser à un changement du pouvoir en Tunisie ; en 2011, qui pouvait parier sur le départ de Hosni Moubarak ?

A propos Komi Dovlovi 1013 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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